Le mouvement de protestation lancé par le barreau des avocats du Tchad, le 17 mai, impacte le déroulement des audiences au palais de justice de N’Djamena.

La plupart des salles d’audience de N’Djamena ont fermé leur portes. Certaines enregistrent quelques cas. Mais la plupart des audiences ont été renvoyées à des dates ultérieures, faute d’avocats. « Les avocats sont en grève, le procès est renvoyé au 10 juin», indique un juge à une famille venue pour le règlement d’un litige.

Dans les couloirs du palais de justice, le climat est calme. Plusieurs affiches indiquant le report des audiences sont visibles sur les murs. “Il est porté à la connaissance des justiciables que l’audience de la 5e chambre correctionnelle de la cour d’appel de N’Djamena du 17 mai est renvoyée en bloc à la date du 31 mai”. Le document porte la signature du procureur de la République. Ces reports font suite au mécontentement des avocats. Ces derniers brillent par leur absence au palais de justice de N’Djamena.

Depuis trois jours, les avocats tchadiens n’ont pas revêtu leurs robes noires. Ils sont en colère suite à l’arrestation de deux de leurs collègues. Il s’agit de Me Koudé Mbaïnaissem et Max Loalngar. Le barreau du Tchad n’a pas apprécié la procédure de leur arrestation. Pour lui cette manière “s’apparente à un enlèvement…”

Cette grève n’impactera-t-elle pas les dossiers des prévenus et personnes en garde à vue ? Djerandi Laguerre, bâtonnier des avocats indique qu’ils sont conscients.”Face à certaines situations on ne peut pas faire des omelettes sans casser les oeufs. Autant ça nous fait mal que les gens que nous défendons ne soient pas à mesure d’être défendus en ce moment. Parce qu’en matière de droit pénal, le droit de la défense est sacré et nous sommes préoccupés par la situation des gens qui sont soit sont en garde à vue soit en détention préventive. Nous sommes conscients de cela. Mais face à une situation comme celle-là où des voix s’élèvent partout pour réagir, nous ne pouvons pas faire autrement que de chercher à nous faire entendre. Et que les autorités reviennent à des bonnes décisions”.

Les prévenus, personnes en garde à vue et autres détenus à titre préventif subiront le lourd tribut, indique Djerandi Laguerre joint au téléphone par la Rédaction de Tchadinfos. “Pour moi, face à cette situation, que les autorités prennent du recul, qu’il y ait un rapprochement et échange pour voir comment trouver des solutions”, conclut-il.