Nommé Premier ministre, chef du gouvernement, dans la troisième semaine du mois de janvier 2013, Joseph Djimrangar Dadnadji a procédé, la semaine dernière, au troisième remaniement de l’équipe dite «du renouveau et de l’ajustement global» . Cette retouche intervient juste deux mois, après celle du 19 février 2013. Troisième équipes gouvernementales en moins de quatre mois. Une moyenne d’un gouvernement tous les 40 jours. Si son prédécesseur Emmanuel Nadingar Djélassem a battu le record de la longévité à la tête du gouvernement, Joseph Djimrangar Dadnadji semble, lui, se lancer dans une course effrénée pour battre le record des remaniements intempestifs. La durée de vie à la primature étant en moyenne d’un an et demi, à ce rythme, Joseph Djimrangar Dadnadji aura à opérer au moins 14 remaniements avant de quitter le bateau. Chargé de mettre en musique le programme politique du président de la République, la logique élémentaire aurait voulu que, le Premier ministre s’entoure d’hommes et de femmes capables de l’aider efficacement dans l’accomplissement de sa mission. D’où le choix réfléchi des ministres. Car, pour faire du «renouveau et de l’ajustement global» , comme le prétend Joseph Djimrangar Dadnadji, il faut s’asseoir, prendre son temps pour bien réfléchir et élaborer un plan d’attaque rigoureux en mettant au centre la rigueur dans la sélection de ses collaborateurs. N’a-t-il pas claironné lui- même au lendemain de sa nomination qu’il est l’ami des travailleurs et l’ennemi des paresseux ? D’où vient-il qu’en l’espace de quatre mois, l’on assiste à cette avalanche de remaniements? Peut-on évaluer sérieusement un Ministre qui n’a eu que trois semaines d’exercice de ses fonctions? Grand commis de l’Etat, juriste de formation, et surtout routinier de l’administration publique, le Premier ministre est censé connaître l’ensemble des ressources humaines compétentes susceptibles de l’aider. Joseph Djimrangar Dadnadji se rend-il seulement compte qu’en procédant à ces remaniements fâcheux, il banalise la fonction ministérielle ? Mesure-t-il les conséquences de ces remaniements sur le fonctionnement de l’Administration ? Que des dossiers rejetés, à cause des timbres modifiés à tout bout de champ. Des ministères tantôt scindés, tantôt fusionnés, pour des raisons que l’on ignore. Provoquant du coup des imputations budgétaires inutiles. L’efficacité d’un gouvernement ne se mesure pas à l’aune des remaniements aussi improductifs les uns que les autres, avec quelques départs et des permutations à ne point laisser le temps aux ministres de prendre le pouls de leur ministère. Même le gouvernement de son prédécesseur, secoué par une crise sociale jamais connue auparavant, n’a pas subi de tels soubresauts. C’est à se demander si le Premier ministre est réellement le maître des propositions soumises au Chef de l’Etat. Comment peut-il se tromper si régulièrement dans le choix des Hommes qu’il propose? Ou bien, existe-t-il, un lobby haut placé dans la supra structure du régime qui trouve toujours à redire sur les différents choix opérés par Joseph Djimrangar Dadnadji et son mentor ? Que d’interrogations ! Mais, un coup de projecteur, sur les gouvernances des prédécesseurs de l’actuel Premier ministre et sur certaines décisions prises à des endroits oc – cultes, nous laisse croire qu’au Tchad, le centre des décisions se trouve bien ailleurs. D’où la retentissante question de savoir qui dirige réellement le Tchad.

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