En mai dernier, le géant anglo-suisse du négoce de matières premières a reconnu avoir versé des pots-de-vin pour obtenir des contrats pétroliers en Afrique. Environ un mois plus tard, une filiale britannique du groupe a officiellement plaidé coupable devant la justice pour ces allégations.

Le groupe de négoce des matières premières, Glencore, a été condamné, le jeudi 3 novembre, par la justice britannique à une amende de 276 millions de livres sterling (311 millions $), après avoir plaidé coupable d’avoir usé de pots-de-vin pour obtenir des contrats pétroliers dans cinq pays africains, rapporte l’Agence Ecofin.

Glencore a admis avoir versé, par l’intermédiaire d’employés et agents, des pots-de-vin d’un montant cumulé de plus de 28 millions $ pour avoir un accès préférentiel au pétrole au Nigeria, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Guinée équatoriale et au Soudan du Sud entre 2011 et 2016, suite à une longue enquête dirigée par le Bureau des fraudes sérieuses (Serious Fraud Office).

Selon cette agence du gouvernement britannique rattachée aux services du Procureur général et chargée d’enquêter sur des cas graves ou complexes de corruption, ces pots-de-vin auraient servi à acheter le soutien de hauts fonctionnaires impliqués dans les processus d’attribution de contrats pétroliers aux sociétés étrangères.

L’amende représente environ la moitié des bénéfices d’une semaine de Glencore, qui a annoncé des profits d’environ 100 millions $ par jour en moyenne durant le premier semestre 2022. Le groupe, actif aussi bien dans l’extraction que dans le courtage des matières premières, a été en effet l’un des plus grands gagnants de la crise énergétique mondiale.

« La conduite qui a eu lieu est inexcusable et n’a pas sa place chez Glencore », a commenté le président de Glencore, Kalidas Madhavpeddi, dans un communiqué, indiquant que le groupe « s’est engagé à gérer une entreprise qui crée de la valeur pour toutes les parties prenantes en opérant de manière transparente selon un ensemble de valeurs bien définies, avec l’ouverture et l’intégrité au premier plan ».

Le verdict prononcé par le juge Peter Fraser de la Southwark Crown Court de Londres comprend une ordonnance de confiscation de 93 millions de livres sterling, et tient compte d’une réduction du montant de l’amende pour le plaidoyer de culpabilité de Glencore.

« La corruption faisait clairement partie de la culture d’un certain nombre de membres du personnel du bureau d’Afrique de l’Ouest. Les chefs d’accusation représentent une infraction sophistiquée qui a eu lieu sur des périodes prolongées se mesurant en années », a commenté M. Fraser.