YAOUNDE, 3 juin (Xinhua) — L’ex-président centrafricain François Bozizé, accueilli à Yaoundé par les autorités camerounaises après sa chute et la prise du pouvoir par la coalition rebelle Séléka conduite par Michel Djotodia le 24 mars à Bangui, a embarqué dimanche à bord d’un vol régulier de la compagnie kényane Kenya Airways à destination d’Afrique du Sud, a appris lundi Xinhua de source de l’aéroport.

L’Afrique du Sud, qui a d’abord envoyé un contingent de son armée en Centrafrique pour essayer de sauver le pouvoir de François Bozizé, a par la suite, d’après des sources diplomatiques, émis le voeu, au même titre que le Bénin, de l’accueillir après sa chute.

« Au moment où il quittait sa résidence, il nous a demandé de ne pas l’escorter jusqu’à l’aéroport et est parti seulement avec son garde du corps », confie à Xinhua un membre de la garde présidentielle, unité spéciale de l’armée camerounaise chargée de la sécurité du président camerounais, qui a assuré la protection de François Bozizé avant de lever le camp aussitôt après son départ du Cameroun.

Des sources humanitaires confient à Xinhua qu’il s’agit d’un départ définitif de l’ex-chef d’Etat centrafricain du Cameroun. En effet, dans un communiqué signé le 25 mars par Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République, le gouvernement annonçait alors que « le président François Bozizé a cherché refuge au Cameroun, dans l’attente de son départ vers un autre pays d’accueil ».

Dans le même communiqué, le gouvernement camerounais réaffirmait « son attachement au principe de non ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats ». Or, le nouveau pouvoir centrafricain vient d’émettre un mandat d’arrêt international contre Bozizé, après l’avoir dans un premier temps inculpé pour crimes contre l’humanité.

Lors d’une tournée régionale mi-mai, Michel Djotodia, le nouvel homme fort de Bangui, reçu tour à tour Libreville au Gabon, Malabo en Guinée équatoriale et à N’Djamena au Tchad n’a pu se rendre au Cameroun pour rencontrer le président Paul Biya.

D’après des sources diplomatiques, ce rendez-vous manqué a été assimilé un refus du président camerounais de céder aux pressions pour qu’il lâche son hôte et est apparu aux yeux des observateurs comme un soutien à Bozizé.

En attendant qu’elle le retrouve dans son exil, sa famille, dont son épouse et ses enfants, qui l’ont rejoint au Cameroun après un détour en RD-Congo, restent locataires d’une luxueuse résidence au quartier Golf situé non loin du palais présidentiel, pour laquelle l’ex-chef d’Etat centrafricain a payé en espèces un an de loyer, à raison de 2400 USD par mois, d’après des sources proches de son entourage.

François Bozizé a aménagé dans cette résidence après un séjour de près de un mois à l’hôtel Hilton de Yaoundé, où il a occupé la même suite que le défunt président Ange Félix Patassé, accueilli par les autorités camerounaises après avoir été chassé du pouvoir le 15 mars 2003.

François Bozizé, lui-même tombeur d’Ange-Félix Patassé le 15 mars 2003, avait débarqué au Cameroun par Bertoua, ville de l’Est proche de la frontière avec la République centrafricaine (RCA), après avoir quitté dans la précipitation le palais présidentiel Bangui afin d’échapper aux rebelles de la coalition Séléka qui venaient de faire leur entrée dans la capitale après une offensive rapide contre l’armée régulière.