PARIS – Un projet de loi sur la politique de développement et de solidarité internationale, adopté mercredi en conseil des ministres, doit permettre à la France d’être plus transparente et de tourner pour de bon la page post-coloniale, a estimé le ministre délégué au Développement Pascal Canfin.

Le texte, qui répond à une promesse de campagne du président François Hollande, sera présenté au Parlement au premier trimestre 2014 et constituera une première dans l’histoire de la République, a déclaré M. Canfin à l’AFP, en réaffirmant que la priorité serait accordée à l’Afrique.

Pour Pascal Canfin, il s’agit de tourner définitivement une page de l’histoire de la politique de développement liée à la gestion post-coloniale en mettant en place une politique plus transparente, plus démocratique et donc plus efficace, sous le contrôle du parlement.

Autre nouveauté, un Conseil national de développement et de solidarité internationale (CNDSI) sera créé pour permettre une consultation régulière de la société civile et de l’ensemble des acteurs du développement, assure-t-il.

Il faut adapter notre politique au 21e siècle, avec comme finalité assumée et revendiquée le développement durable dans ses trois dimensions: économique, sociale et environnementale, affirme M. Canfin.

Sur le plan géographique, la priorité restera néanmoins évidemment à l’Afrique car, relève M. Canfin, quand on regarde la réalité des chiffres, les principaux retards, en matière d’accès à l’eau, à l’éducation, à la santé…, sont en Afrique. Il est normal que le coeur de notre aide sous forme de dons aille à l’Afrique, ajoute-t-il, rappelant que 85% des dons accordés par la France vont au continent africain.

Dans les autres régions du monde, en particulier les pays émergents, la France interviendra pour promouvoir une croissance verte et solidaire en y favorisant, notamment, des partenariats économiques.

Pour mieux garantir la transparence mais aussi la visibilité de la politique de développement, la loi fixera un certain nombre d’indicateurs de résultats permettant de mesurer l’efficacité des projets.

Pour la première fois, nous allons mettre en place une batterie de 30 indicateurs, sur l’eau, la santé, l’énergie… afin de mieux évaluer l’impact concret de nos projets, a indiqué le ministre. On pourra ainsi savoir concrètement combien de personnes ont été raccordées à un réseau électrique ou combien d’enfants ont été scolarisés, explique-t-il.

Le gouvernement appliquera par ailleurs aux pays pauvres jugés prioritaires (16 en 2014, tous africains) le projet-pilote déjà mis en place pour le Mali et qui permet aux citoyens de vérifier sur internet l’avancée des projets en cours.

Interrogé sur l’évolution du budget de l’aide publique au développement (APD), dont les ONG dénoncent régulièrement la faiblesse, M. Canfin rappelle que la France reste le quatrième donateur mondial, avec 9,35 milliards d’euros en 2012 soit 0,46% du revenu national brut (RNB).

On est loin des 0,7% du RNB, objectif fixé par les Nations unies aux pays donateurs, reconnaît M. Canfin, mais dès que nous retrouverons des marges de manoeuvre budgétaires, nous ferons progresser l’aide au développement, assure-t-il.
(©AFP / 11 décembre 2013 15h14)