Depuis quelques années, les Ecoles normales d’Instituteurs bilingue (ENIB) ne fonctionnent plus. Ces écoles qui ont formé de nombreux maîtres d’école et les maîtres communautaires sont fermées par l’Etat.
A N’Djaména comme en province, l’Etat a fermé les ENIB. Ces écoles qui ont contribué à la formation des milliers d’enseignants du primaire. En plus de la formation des instituteurs, les ENIB ont servi de cadre pour le recyclage et la remise à niveau des maîtres communautaires. Beaucoup d’observateurs se demandent pourquoi ces écoles sont fermées par l’Etat ?
D’après une source au ministère de l’Education nationale, la fermeture des Ecoles normales d’Instituteurs est liée au besoin de formation. Par le passé, des partenaires finançaient les cycles de formation selon les besoins exprimés par l’Etat. Par exemple, si l’Etat a besoin de tel nombre d’enseignants, un concours sera lancé et les admis sont formés pour être intégrés, automatiquement, à la Fonction publique. Cependant, explique cette source, beaucoup d’instituteurs ont été formés sans être intégrés à la Fonction publique. « L’Etat a estimé qu’il faut d’abord recruter ceux qui sont formés. On ne peut pas continuer à former les gens, alors que ceux qui sont déjà formés, ne sont pas encore recrutés », confie cette source du ministère de l’Education.
Un acteur du secteur de l’éducation se rappelle qu’entre 1960 et 1980, les ENI étaient le meilleur cadre de formation pour les maîtres d’école. Administrateur scolaire, Agdy Bandja Kasseigue Appolo se rappelle que par le passé, les meilleurs maîtres d’écoles sont formés dans les ENI. « Auparavant, dès les classes de CE2 ou CM2, les élèves sont déjà détectés et pouvaient même enseigner d’autres. Ces élèves de l’école primaire peuvent normalement travailler, parce que la formation était bien faite par des enseignants qualifiés et bien formés », souligne-t-il.
Yangon Madjikem Toussaint, enseignant, analyse que la baisse de niveau est en partie imputable aux maîtres d’école qui sont mal formés. « La baisse de niveau est un fléau qui reflète l’image de la formation des instituteurs », laisse-t-il entendre. D’après lui, la Fonction publique recrute des enseignants incompétents. « Un maître d’école mal formé ne peut pas bien encadrer les enfants », insiste Yangon Madjikem Toussaint.
Pour l’administrateur scolaire, Roïna Félix, l’Etat doit prendre sa responsabilité en trouvant une solution aux maux qui freinent l’éducation. Pour lui, il faut rouvrir les écoles normales d’instituteurs pour former des maîtres d’école qualifiés. « Si le gouvernement forme des enseignants qualifiés, il y aura un changement dans le système éducatif », estime-t-il.
L’éducation étant la base de tout développement, ces acteurs du système éducatif tchadien souhaitent que le gouvernement puisse tout mettre en œuvre pour redonner au système éducatif tchadien sa place comme dans les décennies précédentes.
Memadji Eliette, stagiaire
Cet article est réalisé dans le cadre du projet Afri’kibaaru. Ce projet porté par CFI vise la production des contenus sur les Objectifs de développement durable.