A la suite de l’arrêt du championnat de football, en mars dernier, des joueurs tchadiens ont vu leur situation économique se dégrader. Ils ont déposé les crampons et embrassé d’autres activités pour espérer boucler leurs fins de mois.

Stade Idriss Mahamat Ouya. Galaxie, sa mythique tribune. Le drapeau national flotte solitairement dans le vide. Sur d’autres gradins, on compte difficilement vingt personnes cet après-midi du 18 juillet. Aucun match à l’affiche ce dimanche. Cela fait quatre mois que le lieu sonne creux. Pour cause, l’arrêt du championnat de la ligue de football de N’Djamena. Une suspension née du bras de fer qui oppose la Fédération tchadienne de football association (FTFA) au ministère des Sports. Ce qui a conduit au retrait définitif de la délégation de pouvoir à la FTFA par la tutelle.

Depuis lors, beaucoup de footballeurs tchadiens tournent les pouces à la maison. Mbairamadji Dillah, gardien de Gazelle FC, subit de plein fouet la crise. Il n’a pas porté ses gants depuis mars dernier. Pour nourrir sa famille, il s’est rabattu sur les recettes, parfois maigres, de son ciné-club. Une petite entreprise qu’il a mise sur pied grâce aux primes de la coupe de la CEMAC gagnée en 2015, en Guinée Équatoriale.

Au coucher du soleil, le gardien des Sao endosse son rôle de gérant. Il prend 50 francs par client. Grâce à ces revenus, il dit avoir amorti un tant soit peu l’effet de la crise.

Ce n’est pas le cas de tous les joueurs.  D’autres se sont reconvertis en conducteurs de mototaxi ou encore manœuvres à l’instar de Keiba Jonas. Le défenseur d’Aiglons Fc est contraint de soulever des briques, mélanger du sable avec du gravier pour gagner son pain. Il espère une reprise immédiate du championnat pour sortir la tête de l’eau. Mais son ainé Mbairamadji Dillah s’estime heureux d’avoir tiré son épingle du jeu grâce aux retombées de la coupe de la CEMAC. « Grâce à ces fonds, j’ai une maison aujourd’hui », se réjouit-il.

Être gardien de but, Mbairamadji Dillah l’a hérité de son père (ancien portier d’As Police). Il pensait construire une carrière stable en football, car il croyait profondément que la discipline allait se développer avec le temps au pays de Toumaï. Aujourd’hui, l’intraitable gardien des Sao, semble désabusé.  « Si je continue à jouer en équipe nationale, c’est par amour de la patrie et mon engagement pour défendre ma nation ».  Bientôt, 15 ans que Mbairamadji défend la ligne de but des Sao.  Mais, il se considère être l’une des victime de la mauvaise gestion du football tchadien.  « Je demande à mes coéquipiers de s’armer du courage. Les autorités doivent trouver une solution aux joueurs qui sont en chômage le plutôt que possible. Si cette situation continue, bon nombre de joueurs, risqueront d’avoir un problème psychologique », sollicite-t-il.

Noukamna Dayam, stagiaire