Les habitants de N’Djamena font face à une hausse spectaculaire des prix de poisson, une denrée pourtant prisée pour son accessibilité. Dans les marchés comme Dembé, Torodona ou encore celui de Chagoua, le constat est unanime : le poisson est devenu un produit de luxe pour beaucoup.

” C’est devenu intouchable.” Fatimé, une mère de famille rencontrée au marché de torodona, exprime son ras-le-bol. ” Avant, je pouvais acheter deux ou trois poissons à 1 000 francs CFA. Aujourd’hui, avec la même somme, je n’ai droit qu’à un petit morceau. C’est devenu intouchable.” Ce cri de cœur est partagé par de nombreux ménages, pour qui le poisson était jusque-là une alternative plus abordable à la viande.

Entre sécurité et subsistance

Derrière cette hausse, plusieurs facteurs se croisent. Pour certains, il s’agit simplement d’une période de “cherté “habituelle, liée aux cycles économiques, à la saison et à l’augmentation du prix du transport.

Mais d’autres pointent une cause plus profonde : l’interdiction de pêcher dans certaines zones, notamment dans les maada situées dans la province du Hadjer-Lamis. Selon plusieurs pêcheurs, les autorités auraient restreint l’accès à ces zones pour des raisons sécuritaires. Un pêcheur de Guité témoigne sous anonymat : “On nous a interdit d’aller dans certaines zones parce qu’il y a des risques d’infiltration de Boko Haram. C’est là-bas qu’on attrapait les gros poissons. Maintenant, tout est bloqué.”

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Cette mesure, bien qu’elle vise à prévenir les infiltrations de groupes armés à partir du lac Tchad, a des conséquences directes sur l’approvisionnement des marchés de N’Djamena. La réduction de la pêche entraîne une baisse de l’offre, donc une hausse des prix. Les vendeuses de poisson se plaignent également .”On achète très cher à la source. Si on ne revend pas un peu plus cher, on perd notre argent au lieux de trouver du bénéfice “, explique Mariam, une grossistes au marché de Dembé. Cette situation pèse lourdement sur les ménages à faibles revenus, mais aussi sur les acteurs de la filière : pêcheurs, revendeurs, transporteurs.

Quelle issue ?
Face à cette crise, certains appellent à des mesures d’urgence pour atténuer l’impact sur les populations : subvention des prix, autorisation temporaire de pêche surveillée, ou encore développement d’élevages piscicoles pour diversifier l’offre.