Les dirigeants mettent la pression sur la communauté internationale pour les appuyer financièrement à organiser le dialogue en vue et les élections générales qui mettront fin à la transition. Le Tchad, en tant que pays souverain n’est-il pas à mesure de financer lui-même ce dialogue et les élections ? Dans une interview accordée à Tchadinfos, Bedoumra Kordjé, ancien ministre du Plan et de l’Economie puis des Finances et du Budget, mais également ancien Secrétaire général de la Présidence ou encore vice-président de la Banque africaine de développement (BAD) est revenu sur cette question.
Le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby, dans une interview accordée à Jeune Afrique, a conditionné le respect des 18 mois de transition par l’entente entre les Tchadiens mais aussi et surtout le financement par les partenaires du dialogue national inclusif et des élections qui suivront.

Dans le même journal, le Premier ministre Pahimi Padacké s’est demandé ce qu’attendent les partenaires pour financer la préparation et l’organisation du dialogue national inclusif.
Pour Bedoumra Kordjé, le fait de solliciter l’appui financier des partenaires n’est pas original. « Le Tchad, en tant qu’Etat souverain, depuis toujours, en tout cas, ces dernières années, a sollicité l’appui budgétaire des partenaires pour pouvoir boucler son budget. Donc demander l’aide en soi n’a rien de négatif. Quand le besoin se fait sentir, on peut demander l’aide, demander des prêts », souligne-t-il. Toutefois, précise-t-il, c’est ce qui est fait de cette aide qui est important : «Mais la question c’est l’utilisation utile de ce financement ».
Transition budgétivore
Car celui qui a été ministre du Plan et de l’Economie ; des Finances et du Budget mais aussi vice-président de la Banque africaine de développement (BAD) estime que les ressources ne sont pas bien utilisées. Il ne comprend pas que le gouvernement de transition comporte 40 membres, qu’il y ait des conseillers du Conseil militaire de transition, du chef de l’Etat, du Premier ministre et autres. « Le message qu’on donne c’est qu’on pense que pour rassembler les gens, il faut donner le maximum de postes aux différentes forces politiques. Du coup, on est plus dans la multiplication des dépenses ».
Ce qui, pour lui, n’est pas le plus important. « Le plus important ? Quel est le contenu de la transition qui va aider les Tchadiens et non pas le nombre de postes qu’on partage aux gens et qui sont des sources de perdition de nos maigres ressources ».
Celui qui, avec d’autres cadres, a mis en place le GRA-Appel (Groupe de réflexion et d’action pour l’appel du 1er juin) dit être « sûr » que les partenaires vont soutenir le Tchad mais à deux conditions à savoir la gestion saine des ressources et l’inclusivité du processus en cours. « Il faut que les gens aient confiance en nous pour nous donner l’argent. La manière dont nous dépensons notre argent est un élément de leur décision. L’inclusivité dont nous parlons, si les gens se rendent compte qu’en réalité ce n’est pas inclusif et qu’on ne sortira pas de l’auberge, ils ne vont pas nous soutenir. Donc c’est pour ça qu’il faut que la confiance entre nous soit suffisamment solide », exhorte-t-il. Mais, redoute Bedoumra Kordjé, « Tel que c’est parti, je crains que les gens n’aient pas confiance et qu’on ne puisse pas aussi avoir les ressources nécessaires ».