Alors que la Commission de l’Union européenne s’apprête à financer les futures élections tchadiennes, la Coordination des actions citoyennes Wakit Tamma exprime son inquiétude quant au soutien des élections, dans le contexte politique actuel trouble, où “l’opposition politique est décapitée et la terreur instituée en méthode de gouvernance”. Toutefois, elle salue cette initiative que “si elle s’inscrit véritablement dans le sens d’accroître la souveraineté du peuple”.

Dans le communiqué de presse signé de son coordinateur, Me Max Loalngar, Wakit Tamma déplore les “attitudes ambivalentes de la communauté internationale qui fait semblant d’écouter le peuple tout en apportant un soutien souterrain à un régime politique qui se radicalise et bloque des perspectives de paix et de démocratie au Tchad“.

Il est clair que le processus politique de transition actuelle, issu d’un changement de régime anticonstitutionnel, d’un dialogue national tronqué (le fameux DNIS), des massacres non encore élucidés du 20 octobre 2022 et d’une restriction incommensurable des libertés publiques, emporte des entorses graves à l’Etat de droit et à la démocratie. Si des corrections consensuelles ne sont pas apportées, les élections, dans ce contexte, constitueraient une véritable forfaiture, une farce de mauvais goût, visant à légitimer une dynastie au Tchad“, alerte Me Max Loalngar. Pour lui, nul ne saurait admettre que la communauté internationale, chantre des droits humains et de la démocratie, puisse cautionner une telle perspective sans favoriser au préalable une relecture des conclusions du DNIS. “Se précipiter pour financer les élections sans rechercher des solutions appropriées à la crise en cours sera contreproductif, si le but est de préserver des relations crédibles avec le Tchad. Une telle occurrence augmentera les frustrations et serait vécue par les Tchadiens comme un mépris de leur dignité“, indique Me Max Loalngar.

De ce qui précède, Wakit Tamma exhorte l’Union européenne et la communauté internationale à privilégier la voie d’une paix durable fondée sur la transparence et le respect des principes d’intégrité et d’égalité des différentes parties prenantes. “Il est de ce fait impératif de surseoir à tout soutien ou du moins le lier à des conditionnalités pour un vrai dialogue et l’aboutissement satisfaisant de l’enquête internationale sur les évènements du 20 octobre 2022, étant donné que les différents rapports produits à cette date ne sont pas exhaustifs. Pour notre part, nous restons ouverts à un processus politique avec un vrai ancrage populaire, seule garantie du retour à la démocratie véritable“, fait savoir Me Max Loalngar.