Le samedi 25 avril 2020, il y a eu une évasion des détenus de la maison d’arrêté de Bongor, chef-lieu de la province du Mayo-Kebbi Est. Dans une interview accordée à Tchadinfos, Hissein Barkaï Ahmat, procureur au parquet de Bongor explique les faits.

Monsieur le procureur, qu’est-ce qui est à l’origine de cette évasion massive des prisonniers?

C’était le samedi 25 avril 2020 autour de 17 heures 30 minutes que les trois éléments de la sécurité ont fait leur entrée dans la cour de ladite maison d’arrêt pour faire entrer les détenus dans leurs cellules. Subitement, ils se sont rués sur ces trois éléments qui les ont maîtrisés en les bastonnant. Entre temps, certains ont profité pour sortir par la porte. C’est comme ça que nous avons enregistré 104 détenus qui se sont échappés. Sur ces 104, nous avons 49 condamnés, 32 prévenus et 22 inculpés. Et, nous déplorons 3 cas de morts, un blessé par balle qui a rendu l’âme devant la maison d’arrêt et deux ont été retrouvés dans le fleuve, noyés.

Que revendiquent les prisonniers ?

Ce qu’ils revendiquent jusqu’à là, on ne connait pas parce que ceux qui sont restés ne nous ont rien dit et nous ont fait savoir que ceux-là se sont organisés pour s’évader. Pour le moment, les enquêtes sont en cours, c’est un peu tôt pour vous dire de quoi il s’agit.

En moins d’un mois, c’est la deuxième fois que les prisonniers se révoltent. Que dites vous-vous à ceux qui sont restés en prison ?

C’est déjà la deuxième fois, la première fois quand je suis arrivé il y a eu mutinerie. Malheureusement, nous déplorons un cas de mort et pour les autres, nous avons maitrisé la situation. J’ai pris des engagements fermes et ces engagements sont honorés. Ils revendiquaient les vivres, donc je suis entré en contact avec le garde de sceaux qui a pris en main les choses et aujourd’hui le manger n’ en manque pas. Ils revendiquaient aussi la tenue des audiences. Au parquet nous avons prévu trois qui ne sont pas condamnés je pense qu’ils seront situé sur leur sort dans peu de temps parce que nous avons des séries d’audience qui se tiennent.

Ceux qui sont restés dans la maison d’arrêt, je leur demande de rester calmes. Ceux qui sont condamnés, ils doivent purger leurs peines. Tenter de s’évader ou créer des problèmes, ça ne vaut rien parce que la loi c’est la loi. Je pense qu’il n’y a personne qui est injustement jugé et condamné. Peut-être ce sont des gens qui connaissent leurs infractions, leurs peines ou bien ce sont des gens qui ont nié les faits, mais les preuves pèsent sur eux. C’est pourquoi je leur demande de garder leur calme et attendre la décision de la justice. Ce dernier temps, je pense que le chef de l’Etat, président du Conseil suprême de la magistrature a accordé des remises. Ils ont bénéficié, 63 nous les avons libérés et les autres ont vu leurs peines diminués et d’autres mesures sont là. J’ai ouvert une enquête pour savoir de quoi il s’agit pour régler définitivement cette affaire.