Le 24 août 2021, exactement un an aujourd’hui, disparaissait l’ancien président, Hissène Habré, à Dakar au Sénégal, décédé de suite de Covid-19. L’an 1 du décès de celui qui a gouverné le Tchad d’une main de fer pendant huit ans (1982-1990), coïncide avec le début des travaux du Dialogue National Inclusif et Souverain (DNIS).

Au moment où les Tchadiens sont sur le point de débattre des sujets brulants censés leur permettre de se réconcilier, définitivement, ils ont un seul ancien président en vie. En un an, deux chefs d’Etat sont décédés. Le maréchal du Tchad Idriss Déby Itno a tiré sa révérence en avril 2021, suivi de celui qu’il a chassé du pouvoir, quatre mois après, Hissène Habré. Si le maréchal Déby a vu ses vœux exaucés en mourant au Tchad, puis enterré dans son village natal, Amdjarass, Hissène Habré est mort en étant en prison.

En effet, l’ancien président Hissène Habré qui a dirigé le Tchad entre 1982 et 1990, a quitté le pouvoir avec un passif lourd sur le plan humain. La Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), services des renseignements sous son règne, a été accusée d’avoir fait disparaître plus de 40 000 personnes, des opposants surtout. A cause de la DDS, Hissène Habré sera jugé par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), puis condamné le 30 mai 2016 à la prison à perpétuité pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, tortures et viols.

Hissène Habré fait partie des personnages qui ont marqué l’Histoire tumultueuse du Tchad après l’indépendance. A la création du Front de Libération Nationale du Tchad (Frolinat), en 1966, Hissène Habré, jeune administrateur civil, a servi dans l’administration sous Ngarta Tombalbaye. Après la mort du fondateur du Frolinat, Ibrahim Abatcha, le mouvement se retrouve divisé avec plusieurs ailes. C’est ainsi que le président Ngarta l’envoie comme émissaire pour négocier avec les rebelles. Hissène Habré finit par rejoindre la rébellion. Il débute son parcours auprès du président Goukouni Weddeye jusqu’à ce que leur chemin se sépare en 1978 où Hissène Habré signe un accord avec le régime militaire dirigé par le général Félix Malloum. Depuis, son nom reste lié à tous les événements qui suivront. Guerre civile de 1979, guerre de neuf jours de 1980, prise d’otage des européens dont Mme Claustre, l’assassinat du commandant Galopin, entre autres. Après avoir été éjecté du Gouvernement d’Union Nationale de Transition (GUNT) dirigé par Goukouni Weddeye, Hissène Habré prend sa revanche en chassant le GUNT le 7 juin 1982 avec son mouvement armé, les FAN (Forces armées du nord). Il s’installe enfin comme président de la République, poste qu’il a convoité tant durant toute sa présence en rébellion.

A sa mort le 24 août 2021, l’actuel président du Conseil Militaire de Transition (PCMT), le général Mahamat Idriss Déby Itno, a salué la mémoire d’un chef d’Etat. Une polémique a failli éclater sur le rapatriement de sa dépouille mortelle au Tchad. Mais, beaucoup ont contesté l’idée d’autant que Hissène Habré est mort condamné pour des charges lourdes et que jusqu’à présent, les victimes ne sont pas encore indemnisées.