Sou IV est mort il y a 58 ans.  Les anciens se souviennent de lui comme le bon, le généreux, le volontaire.

Une vie toute entière consacrée au nationalisme et au Tchad l’a fait connaitre et aimer.  Homme politique, organisateur, militaire, Sou IV a été tout cela. Né vers 1904 à Takoua, sous-préfecture de Moïssala (région du Moyen-Chari à l’époque et dans l’actuelle province du Mandoul), fils de N’Garwei Dog, chef très influent de sa région avant la colonisation, Sou IV était engagé volontaire dans l’armée française de 1924 à 1944. Officier de réserve, il était auxiliaire de l’administration coloniale et chef des anciens combattants dans le district de Koumra de 1945 à 1949.

Nationaliste, il s’était dressé contre Gabriel Lisette (animateur antillais du Parti progressiste tchadien de décembre 1956 à août 1960) qui, pour lui, constitue une double colonisation.

Sou IV fut élu premier député du Tchad à l’Assemblée nationale française de 1949 à 1956, au parlement de la IVème République. Cette République comprend une Assemblée nationale et un Conseil de la République. Les territoires de l’Afrique Noire y envoient des représentants, désignés par deux collèges d’électeurs. Le premier formé par les métropolitains ou assimilés, le second par les «autochtones». Mais le nombre d’élus africains reste limité, on dénombre une vingtaine.

Chevalier de la Légion d’honneur, Sou IV quittait la scène politique en 1957 pour son village natal où il avait repris la chefferie traditionnelle de Takoua de 1960 au 23 mars 1963, date de sa mort.

Au cours de ses carrières militaire, administrative et politique, son franc-parler, sa générosité avaient convaincu ses proches et même ses adversaires politiques.

La vie de Sou IV fut un exemple de grande humanité, de bon sens, de sagesse et d’héroïsme. La situation tragique du peuple trempé et grandi dans l’épreuve, les pénibles difficultés du combat quotidien n’ont fait qu’enflammer davantage son esprit et son loyalisme.

Sou IV était un homme de justice et de dignité, un exemple de droiture et une grande force morale. L’homme qu’on découvre est un être actif, enthousiaste, convaincu de détenir des vérités et d’avoir des missions de remplir mais cependant profondément détaché de ses passions.  Ceux qui l’ont connu établissent qu’il était un bon vivant, mais aussi et surtout un homme toujours maître de ses sens, qui les contrôle parfaitement. Passionné et calculateur : toute sa vie durant, Sou IV s’était consacrée entièrement au combat pour la conquête de l’indépendance, le triomphe de démocratie, de la justice et de la paix.

A l’aube de l’indépendance du Tchad, Sou IV, très autoritaire mais démocrate, disait à ses adversaires que la politique ce n’est pas la guerre, que le dernier mot revient au peuple.  

C’est un exemple de patriotisme légué à la jeunesse tchadienne  dans la perspective d’aboutir à une concorde et à une solidarité nationales.