A Komé, au sud du pays, un 10 octobre 2003, a eu lieu l’inauguration officielle des vannes de l’oléoduc pétrolier qui a fait entrer le Tchad dans le cercle restreint des États producteurs de pétrole. C’est l’exploitation effective, après les premières explorations dans les années 1960, du pétrole tchadien à partir des bassins de Doba, chef-lieu de la Province du Logone Oriental.

L’histoire du pétrole au Tchad remonte aux années 1960 avec les premières recherches, puis au début des années 1970, la compagnie américaine, CONOCO, détecte les premières traces positives de la présence du pétrole au sud du pays. Un autre site fut découvert dans la région du Lac. Mais, il a fallu attendre les années 2000, pour que, le premier projet prend forme, notamment, la construction d’un oléoduc à partir du Tchad (Komé) vers Kribi au Cameroun. 

Les firmes qui devraient exécuter le projet Doba sont constituées d’un Consortium d’exploitation américano-malaisien (ExxonMobil, Chevron, Petronas). Mais, l’appui décisif qui a permis que ce rêve se réalise, c’est la caution de la Banque mondiale qui a donné son aval pour l’exploitation du gisement de Doba dont l’objectif principal est la lutte contre la pauvreté.

Ainsi, l’investissement global de la Banque mondiale pour l’exploitation du gisement de Doba est de 3,7 milliards de dollars et devrait rapporter au Tchad 2 milliards de dollars par an pendant 25 ans. L’exigence de l’institution de Bretton Woods était d’utiliser les revenus du pétrole avec transparence. A l’inauguration officielle de la vanne pétrolière, la Banque mondiale, face aux multiples critiques de la société civile tchadienne, a dit avoir « foi aux engagements pris par toutes les parties qui prévoient l’affectation de plus de 80% des recettes à des projets de développement prioritaire que sont la santé, l’éducation, les infrastructures et l’agriculture ».

Le Tchad met sur le marché mondial 140 000 barils journaliers/jour. Le bassin de Doba qui compte trois champs (Bolobo, Komé, et Miandoum), a de réserves de plus de 900 millions de barils, soit environ 150 millions de tonnes. Pour consacrer sa place parmi les États pétroliers, le Tchad adhère à l’association des producteurs de pétrole africains (APPA) et crée la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT).

Avec l’exploitation du pétrole de Doba, le budget du Tchad a explosé. Les revenus ont permis d’augmenter le budget de l’État de 40 à 50 %. L’industrie pétrolière représente jusqu’à 75% des revenus des exportations du pays. Le pétrole représentait 37% des recettes de l’État en 2019.

Par ailleurs, en 17 ans d’exploitation du pétrole, d’énormes infrastructures dans plusieurs domaines, notamment, éducation, santé et routes ont été réalisées. Le pétrole a permis aussi Tchad de rendre son armée puissante, car, à l’exploitation du pétrole en 2003, l’on a assisté aussi à la naissance en cascade des mouvements rebelles qui ont failli renverser le pouvoir de N’Djaména, à deux reprises (avril 2006 et février 2008).

Si le gisement de Doba est à sa 17e année d’exploitation, le Tchad a mis d’autres sites en exploitation notamment, le gisement de Rônier, avec la création d’une raffinerie à Djarmaya.