Marc Combe, ce coopérant français, personnel de la Mission de Reforme Administrative (MRA) a été enlevé avec d’autres européens dont Mme Claustre, le 21 avril 1974 à Bardaï, dans le Nord du Tchad, par les Forces armées du nord (FAN) dirigées par Hissène Habré et Goukouni Weddeye. Après un peu plus d’un an de détention, Marc Combe arrive à s’évader le 23 mai 1975.

Dans un ouvrage intitulé « Marc Combe, otage au Tibesti », l’intéressé raconte sa mésaventure. Marc Combe dit avoir fait connaissance de M. Claustre qui l’a engagé à la M.R.A. pour creuser des puits, construire des bâtiments, s’occuper d’élevage, et surtout pour les secours d’urgence.

« On avait besoin de volontaires pour monter dans le nord du pays. Comme j’aimais être seul, je fus intéressé par cette proposition. J’ai donc travaillé à peu près deux ans et demi à Largeau, dans le Nord, employé de la M.R.A. Un jour, M. Claustre me demanda de m’installer à Bardaï. Je savais bien qu’il y avait quelques risques, mais le jeu me parut valoir la chandelle et j’acceptai. Je m’installai donc à Bardaï », conte-t-il dans son ouvrage.

Mais l’expérience à l’extrême-nord du Tchad se transforme en cauchemar lorsque le 21 avril 1974, vers 8 heures ou 9 heures du soir, « nous sommes allés nous coucher. J’avais mis mon lit dehors, comme chaque jour, et je dormais dans le plus simple appareil. Mme Claustre, elle, était à l’intérieur, bien que déjà il fît très chaud dans la région. Vers 10 heures ou 11 heures, je fus brusquement réveillé par quelques coups de feu. Je ne savais pas exactement où se passaient les opérations, mais il me parut que les coups provenaient de l’autre bout de la palmeraie. Mme Claustre, réveillée elle aussi, s’affolait plus que moi qui avais quelque habitude de ce genre de réveil sonore. A travers la fenêtre de sa chambre, elle me cria : —Qu’est-ce que c’est, Marc, que se passe-t-il ? Je n’eus pas le loisir de lui répondre. Avant que je puisse faire quoi que ce soit, une douzaine d’hommes envahissaient la cour, armés de mitraillettes, de pistolets et de grenades, bardés de bandes de cartouches croisées sur la poitrine. Je me rendis compte tout de suite, à leur habillement, que ce n’étaient pas les soldats de l’armée tchadienne ».

Après plusieurs mois d’otage, la rébellion se servait des compétences de Marc Combe. « Paradoxale parce que Marc Combe devient peu à peu l’homme de confiance de Hissène Habré, chef de la rébellion. C’est lui qui transporte les armes et le ravitaillement, répare les voitures, reconstruit les villages détruits. Et pourtant, malgré cette confiance qu’on lui accorde et dont il joue, il demeure un otage, qui peut-être sera exécuté demain si Hissène Habré n’obtient pas ce qu’il désire », peut-on lire du résumé du livre de Marc Combe.

Marc Combe écrit l’éditeur, « s’est battu comme il le pouvait, contre les autres et contre lui-même, afin de survivre ». Il finit par s’évader le 23 mai 1975. Il s’est enfui en Land Rover, après avoir fait descendre trois hommes du véhicule sous le prétexte d’ensablement. « J’ai réussi à tromper les gars. J’en ai estourbi un », disait-il après sa fuite. Marc Combe a fui vers la Libye, déclarant à l’époque, que les autorités libyennes l’ont accueilli, logé et bien traité, voulant, certainement, avoir des renseignements avec lui sur le Tchad et les groupes rebelles.