N’DJAMENA, 7 juin (Xinhua) — Face à la pénurie de l’eau potable dont ses populations sont souvent confrontées, le gouvernement tchadien multiplie les actions pour rendre le précieux liquide accessible à un plus grand nombre.

“L’Etat est en train de mettre en place un programme d’urgence pour renforcer la production et le stockage d’eau, par la construction de réservoirs, notamment de quatre châteaux dans quatre quartiers périphériques de la capitale”, a déclaré à Xinhua Félicien Maïngar, directeur général de la Société Tchadienne des Eaux (STE).

La STE étendra ainsi, selon son responsable, son réseau dans les nouveaux quartiers et communes de N’Djaména, la capitale du Tchad, réhabilitera et renforcera les réseaux des anciens quartiers. Elle compte également engager une nouvelle politique de branchements sociaux dans toutes les communes pour faciliter l’accès à l’eau potable aux plus démunis.

Selon les statistiques, le volume de production en eau en 2011 variait entre 40.000 m3 à 45.000 m3/jour. Deux ans après, le volume est malheureusement resté le même en 2013. En ces temps de forte chaleur, la production a même chuté autour 32.000 m3 par jour, faute d’électricité. “La fourniture d’eau dépend de l’électricité, précise Boukar Sanda, agent de la SNE. Les forages sont alimentés par l’électricité pour tirer l’eau”.

Avec une population avoisinant 1,5 million d’habitants, la capitale du Tchad a besoin de plus de 100.000 m3/jour. Ainsi, les 45.000 m3/jour, produits en temps normal, ne desservent qu’à peine le 1/3 de ses habitants. Le reste, la grande partie, est abandonnée à son triste sort. Chacun se débrouille comme il peut en utilisant des pompes manuelles, de petits châteaux à pompe immergée, ou même des puits rudimentaires à l’air libre.

“Si les clients se plaignent en cette période de chaleur, c’est que la demande est devenue très forte, parce que les ménages concernés utilisent davantage d’eau alors que l’offre ne suit pas”, explique M. Félicien Maïngar.

L’Etat tchadien, en scindant en 2010 la Société tchadienne d’eau et d’électricité (STEE) en deux entités dont la STE et la SNE (Société Nationale d’Energie, chargée de la distribution du courant électrique), avait pour principal objectif d’atteindre l’efficacité dans l’approvisionnement en eau et en électricité des villes couvertes par la défunte STEE. Il ne voulait plus accuser le coup d’une pénurie surtout en eau dans la capitale et les villes de provinces.

Malheureusement, dans certains quartiers de N’Djaména, il arrive que des robinets soient secs pendant toute une journée. Des ménages sont obligés de veiller, toute la nuit, et guetter l’eau. Des femmes, les bassines sur la tête, parcourent les quartiers à la recherche d’un puits à pompe manuelle ou d’un puits à ciel ouvert. L’année dernière, au plus fort de la canicule et de la pénurie, certaines familles se sont rabattues sur les eaux insalubres du fleuve Chari qui traverse la capitale tchadienne et se jette dans le Lac Tchad, avec tous les risques sanitaires que cela comporte.

Au Tchad, le taux d’accès à l’eau potable était seulement de 20,9% de l’ensemble de la population, soit l’un des taux les plus faibles du monde. En 2012, cette couverture était de 46%, selon des estimations du ministère de l’Hydraulique urbaine et rurale.

Pour améliorer cette couverture en eau, l’Agence Française de Développement (AFD) a accordé, jeudi, une subvention de plus de 7 milliards F CFA (140 millions USD) pour accroître la desserte en eau dans les quartiers périphériques de l’Est de N’Djaména.

Il y a un mois, les députés tchadiens ont adopté une loi autorisant le président Déby Itno à ratifier l’accord de prêt relatif au financement d’un projet d’alimentation en eau potable et d’assainissement dans huit autres centres urbains secondaires et leurs environs. Ce énième projet, d’un montant global supérieur à 15 milliards F CFA (30 millions USD) est financement par la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Fond Africain de Développement (FAD) sous forme de don et de prêt.

Ce projet de la BAD-FAD permettra de desservir plus de 802. 000 personnes en eau potable (soit un taux de 7%) et plus de 154. 000 autres en services d’assainissement (3%).

Le 22 mars dernier, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau, le gouvernement tchadien et l’Union européenne ont signé trois conventions de financement d’un montant total de 65,5 milliards F CFA (soit environ 130 millions USD) dont deux visent à assurer une meilleure couverture en eau potable. Le premier projet prévoit la réalisation d’un millier de forages équipés de pompe à motrice humaine, 250 mini-châteaux d’eau solaires et thermiques et 400 latrines dans sept des vingt-trois régions du pays.

Le deuxième projet vise à apporter une contribution substantielle à l’amélioration à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans six villes secondaires et dans six quartiers de la capitale.

“Avec tous ces projets, le gouvernement veut atteindre au moins un taux d’accès durable à l’eau de 60,5% en milieu rural et 70% dans la zone urbaine”, conclut Issa Ali Taher, ministre tchadien de l’Economie, du Plan et de la Coopération internationale. Pour atteindre ces objectifs, le Tchad a besoin de 700 milliards F CFA (environ 1,4 milliard USD).