La désertification, le changement climatique et la dégradation des terres impactent fortement sur les principaux leviers de croissance économique, de cohésion sociale, de stabilité et de sécurité du Tchad. Pour faire face à ces problèmes, les autorités tchadiennes ont lancé en août 2008, le projet de la ceinture verte autour de N’Djamena. 12 ans après, alors que ce projet rencontre d’énormes difficultés pour son épanouissement sur le terrain et est même en voie de disparition, le ministère en charge de l’Environnement a lancé le samedi 12 mars dernier, l’opération 16 millions d’arbres.

Si les projets « la ceinture verte », « la grande muraille verte » qui couvre 11 pays, n’ont, jusqu’à présent, eu des résultats escomptés sur le terrain, l’on est en droit de se demander comment l’opération 16 millions d’arbres pour 2022 de Mahamat Ahamat Lazina, ministre de l’Environnement pourrait  réussir ? Car, le reboisement n’est pas un problème mais la question est plutôt l’entretien de ces plants. « Ce qui se fait est du folklore, parce que ce n’est pas le reboisement qui est important, mais plutôt l’entretien », a noté le député Néatobei Bidi Valentin, en son temps. Il estime qu’il faut encourager la population à planter des arbres, mais également à les entretenir et les impliquer dans une stratégie de gestion participative et intégrée.

« Nonobstant, le rôle incommensurable que jouent les arbres dans notre vie au quotidien, et des efforts considérables déployés par le gouvernement pour leur protection, force est pour nous de constater avec regret, en lien avec certaines pratiques anthropiques néfastes dues à l’incivisme, une dégradation accrue du couvert végétal de notre pays, déjà très vulnérable aux changements climatiques », reconnaît Mahamat Ahmat Lazina.

Malheureusement, jusqu’à l’heure actuelle, aucune stratégie de gestion participative et intégrée de la population n’existe. Mais au ministère de l’Environnement, on s’obstine que rien n’est impossible ignorant son incapacité de gérer la ceinture verte, aujourd’hui, abandonnée aux mains de la mairie centrale qui ne dispose pas de moyens financiers nécessaires pour payer ceux qui entretiennent ces arbres.

Aussi, note les environnementalistes, le moment choisi par Mahamat Ahmat Lazina et son département pour planter les arbres n’est pas propice. Selon Alyo Mbaïnainkou, environnementaliste, la période propice pour le Tchad, est le mois d’avril où il faut commencer par le piquetage où l’on traite le sol avec un certain nombre de produits afin d’éviter par exemple que les termites ne viennent ronger les plants. « Après un à deux mois de traitement du trou du plant, qu’on passe au reboisement de telle sorte que le temps d’arrosage de ces plants soit court pour atteindre la saison pluvieuse. C’est tout un processus car il faut absolument les adaptations au sevrage (couper certaines racines, choisir les bons plants) avant de commencer le reboisement », conseille Alyo Mbaïnainkou.

Sabre Na-ideyam