Il y a quelques années, la forêt de Walia, à l’entrée sud de N’Djamena, était belle à contempler et constituait un mur contre l’avancée du désert. Peu à peu, mais inexorablement, à cause de la coupe abusive des arbres et sous le poids démographique, notamment, elle disparait.

La forêt de Walia se réduit comme peau de chagrin. Les arbres denses et entremêlés d’il y a quelques années ont laissé place à une surface, par endroit accidentée, prise d’assaut par une population nomade qui y a installé des tentes. La nature ayant horreur du vide. Les branches de quelques arbres qui sont encore visibles sont arrachées par des chameaux et autres ruminants. Accélérant davantage son sort funeste.  

L’endroit sert aussi de lieu de jardinage aux riverains.  Des produits maraîchers comme les légumes y sont plantés. Pourquoi et comment la forêt de Walia, qui se prolonge jusqu’au quartier Toukra, se retrouve-t-elle dans cette situation ?  Dieudonné B., pour être né et grandi à Walia, donne des éléments de réponse à cette interrogation.  « Quand nous étions enfants, au début des années 2000, cette forêt était vraiment dense. A 17 heures, il était pratiquement impossible de la traverser ou d’y pénétrer simplement », se rappelle-t-il. Si cette forêt venait à disparaître, la responsabilité incomberait en grande partie à la population à cause de sa coupe abusive des arbres, accuse-t-il.

Le rythme auquel cette forêt décline surprend. Mais, surtout, choque plus d’un habitant de Walia. L’association « Je respecte ma ville », œuvre pour la protection de l’environnement, et est installé dans le même quartier, au 9e arrondissement de N’Djaména. Elle suit cette question de près. Comme causes de la désertification de cette forêt, le président de cette association, Assia Boum Blagué, pointe l’incivisme de certaines populations. « Les gens coupent les arbres pour la cuisine notamment.  Ils déposent aussi au niveau de cette forêt des ordures qui contiennent des plastiques qui sont nuisibles pour les plantes lorsqu’ils pénètrent le sol », dénonce-t-il.

Assia Boum souligne également la poussée démographique. « Avant, à Walia, il n’y a pas autant de populations. C’étaient juste quelques éleveurs et des personnes qui étaient en transit. Maintenant, le quartier s’agrandit et les personnes cherchent des espaces pour s’y installer », explique-t-il.

 Le président de « Je respecte ma ville » tire la sonnette d’alarme sur les conséquences qu’entrainerait la disparition de cette forêt telles que l’avancée du désert, la réduction des pluies, la dégradation du sol.

Pour prévenir une telle menace, l’association a obtenu de la mairie centrale un site au sein de cette forêt pour son reboisement. « On nous a octroyé un site mais les moyens n’ont pas été mis à notre disposition. Malgré nos plaidoyers ».

Le maire de la commune du 9e arrondissement a été contacté mais il dit ne pas être en mesure de répondre à nos questions à ce sujet. « Nous serions tous complices si la forêt de Walia disparait  », s’emporte Assia Boum.