Le Centre national de Recherche pour le Développement (CNRD), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’Ambassade de France au Tchad ont ouvert ce 6 octobre à N’Djamena, un atelier initial de l’expertise scientifique collective sur la question du Genre au Tchad dans l’enseignement supérieur.

L’expertise scientifique collective, indiquent les termes de référence, est un exercice de transfert de connaissance scientifique vers la sphère des décideurs et dirigeants sur une question initiale posée par ces derniers. Outil d’interface science-politique, elle a pour objet de fournir, à la demande d’un ou plusieurs commanditaires, une évaluation détaillée de l’état des connaissances scientifiques sur une problématique complexe de développement et de politique publique. Ce bilan de connaissance s’accompagne de recommandations précises fondées sur les dernières évidences scientifiques. L’atelier initial, de nature participative, a pour but de préciser le cadre de l’expertise, notamment son périmètre et ses axes principaux.

En ce qui concerne cet atelier initial de l’expertise scientifique collective sur le genre, les organisateurs estiment que, malgré des progrès importants réalisés dans l’éducation des filles et des femmes au niveau mondial (UNESCO. 20221), des disparités fortes persistent, notamment dans le contexte tchadien. L’Etat tchadien, rappellent-ils, à travers son ordonnance 012 du 22 mai 2018, instituant la parité dans les fonctions nominatives et électives en République du Tchad, et son décret d’application n°0433 du 05 mars 2021 accorde un quota de 30% aux femmes qui doit évoluer progressivement vers la parité. “Cependant, elles demeurent extrêmement sous-représentées dans toutes les sphères de la vie politique et publique et notamment dans les instances de prise de décision. Une des principales sources d’inégalités dans l’accès des femmes aux postes de décision se trouve dans le faible taux de leur présence dans l’éducation primaire, secondaire et l’enseignement supérieur”, justifient les organisateurs, cette sous représentation de la femme.

C’est pourquoi, l’expertise scientifique collective qui se déroulera sur une période de 15 mois doit établir l’état des connaissances existantes sur cette problématique et établir des recommandations. Elle pourra également comprendre des études comparatives avec d’autres pays et être complétées par des études de terrain.

Pour le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Ali Waïdou, son département accorde depuis plusieurs mois une attention particulière à cette question de la prise en compte de ses collègues femmes , depuis l’accompagnement des jeunes femmes dans les cycles supérieurs de l’enseignement , leur intégration en tant que enseignantes-chercheures au sein des universités et établissements d’enseignement supérieur et leur accès aux postes de responsabilité. “Mais force est de constater qu’aujourd’hui, il nous est difficile à notre niveau de pouvoir atteindre ce chiffre puisque le nombre de femmes ayant pu atteindre des niveaux de master et doctorat reste très faible”, déplore Dr Ali Waïdou.

Il souligne que le Tchad à ce jour compte une seule femme au grade de maître de conférences, 11 au grade de maître-assistant et 33 au grade d’assistant d’université. “Du coup , nous avons beaucoup d’interrogations qui peuvent se résumer en une question. Quels sont les facteurs qui expliquent cette situation malgré la volonté d’y remédier ? Quels sont les facteurs qui freinent les jeunes femmes à pouvoir suivre une formation dans l’enseignement supérieur et la recherche au sein de notre société ?”, S’interroge Dr Ali Waïdou.

Le ministre rassure déjà que son ministère prendra en compte le rapport qui sera établi après ces 15 mois de travaux avec notamment un certain nombre de recommandations afin de réfléchir à la stratégie du ministère pour une plus grande représentativité de la femme dans l’enseignement supérieur.