La plateforme des diplômés en instance d’intégration à la Fonction publique après sa manifestation dénommée “week-end noir”, réprimée par la police, se dit galvaniser et pense engager d’autres actions après des concertations avec sa base dans les jours à venir.

Depuis des semaines, notamment après la mort du maréchal président Idriss Deby Itno, la plateforme des diplômés en instance d’intégration a décidé de réclamer et de revendiquer ses droits à travers de nombreuses manifestations allant de sit-in, points-presse et marches pacifiques. Le samedi et le dimanche derniers, les membres de cette plateforme ont lancé le “week-end noir”, une vaste opération de manifestations sporadiques afin de déjouer les plans de la police. Des marches de petits groupes de manifestants de par toutes les grandes artères et les rond-points de N’Djamena et des villes de la province. Quelques illustrations.

A l’espace Fest’Africa, une quinzaine de marcheurs a été délogé par un impressionnant dispositif militaire d’une dizaine de véhicules bien remplis de policiers. “On nous a chassés à coups de fouets et de matraque“, se rappelle le coordonnateur de la plateforme, Alain Djitebaye. Un peu plus au sud-est de la capitale, précisément à Habenna, sur la rue du complexe Les petits génies, vers l’Edifice Foullah, ou devant l’ONAPE, pour ne citer que ceux-là, le cortège mixte des forces de l’ordre a dû déguerpir manu militari les manifestants. Vers le rond-point Gazelle, “quatre marcheuses ont été arrêtées et gardées au CSP15 puis relâchées des heures plus tard alors qu’elles n’avaient même pas encore manifesté. Ce sont des agents de renseignements qui pullulent partout qui les ont dénoncées. Elles se sont fait cueillir à domicile et ont été bousculées“, rapporte un autre leader des marcheurs, Ndjingadinan Thomas. “Pour qu’elles soient libérées, le commissaire nous a intimé l’ordre nous leaders de la plateforme à nous engager par écrit à revoir nos positions car selon lui, notre marche est une violation grave. Il a pris nos numéros téléphoniques (…)“, ajoute-t-il. “Pire, il a menacé les quatre marcheuses arrêtées que s’il les revoyait dans une quelconque manifestation, il les enverrait à la maison d’arrêt“.

Le coordonnateur se souvient qu’à la veille du week-end noir, le DG de la police a tenté de les intimider en affirmant qu’il les attendait de pied ferme dans la rue car c’est lui qui gère la rue. Mais s’ils renoncent, il les emmènerait voir le ministre de la sécurité (…). “Mais nous n’avons nullement besoin de voir le ministre de la sécurité. Ce n’est pas lui le concerné mais c’est celui de la Fonction publique“, pointe Alain Djitebaye. En tout, il y a eu 26 marcheurs arrêtés puis relâchés. Toutefois, la Plateforme dit se concerter pour évaluer le weekend noir avant d’envisager des actions futures. Mais la marche est sa seule arme contre le “mutisme des autorités qui refusent d’entendre raison même si l’administration c’est la continuité“.

Enfin, le coordonnateur de la Plateforme déclare que “la sécurité c’est pas seulement l’absence de guerre. C’est aussi la santé, le bien-être social, économique, etc.