Le président de l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), Ahmed Bartchiret, a publié ce 12 novembre 2024 les listes provisoires des candidatures retenues pour les élections législatives, provinciales et communales du 29 décembre 2024.
Et, grosse surprise, les dossiers de plusieurs ténors du Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti au pouvoir, ont été rejetés. Parmi eux, on retrouve notamment le secrétaire général du parti, Mahamat Zen Bada, qui s’est aligné dans son département d’Abtouyour dans le Guéra, ainsi qu’Ibrahim Wang Laouna Foullah dans le 7e arrondissement et Mariam Djimet Ibet dans le 8e arrondissement de N’Djamena. Ces trois figures sont toutes d’anciens maires de N’Djamena et ont chacun fait de la prison suite à leur gestion controversée de la mairie de la capitale tchadienne.
L’ANGE justifie le rejet de la candidature de Zen Bada par une condamnation en décembre 2012 à cinq ans de prison ferme et une amende de dix millions de FCFA pour faux et usage de faux en écritures publiques et détournement de deniers publics. Bien que l’ex-maire de N’Djamena ait été gracié en janvier 2014 par feu le président Idriss Déby Itno, l’ANGE rappelle que « la grâce laisse subsister la condamnation qui continue à figurer au casier judiciaire ». Elle ajoute que le casier délivré pour constituer son dossier est « constitutif d’un délit répréhensible de faux et usage de faux en écritures publiques ».
En outre, l’ANGE note que le secrétaire général du MPS n’a pas fourni la preuve de sa mise en disponibilité de son corps de la Police nationale. En novembre 2023, il a été élevé au grade de contrôleur général de la Police, ce qui complique davantage sa situation.
Les cas d’Ibrahim Wang Laouna Foullah et de Mariam Djimet Ibet
Ces deux autres anciens maires de N’Djamena voient leurs dossiers également rejetés. Le fondateur du club de football Foullah Edifice FC est exclu de la course en raison de variations importantes dans l’orthographe de ses noms et prénoms sur les différentes pièces administratives fournies (six noms différents entre l’acte de naissance, le certificat de résidence, le casier judiciaire, le certificat médical, le certificat de nationalité et la carte d’électeur). L’ANGE considère qu’il y a une absence de casier judiciaire valable, car les noms sur l’acte de naissance diffèrent de ceux du casier judiciaire.
Quant à Mariam Djimet Ibet, candidate du MPS dans le 8e arrondissement, l’ANGE relève également des variations dans les noms et prénoms selon les pièces administratives, avec tantôt « Mariam Djimet Ibet » et tantôt « Mariam Djimet Ibet Mainta ». L’ANGE précise en outre que la candidate a été emprisonnée à deux reprises pour des faits de détournement de deniers publics, ce qui compromet sa « bonne moralité » aux yeux de l’agence.
Un rejet qui surprend
La décision de l’ANGE de rejeter les candidatures de figures aussi influentes du MPS, notamment celle de Mahamat Zen Bada, est pour le moins étonnante. Zen Bada, qui a été un acteur clé du pouvoir de Déby père et fils depuis plus de trente ans, est surnommé « faiseur de roi » pour sa capacité à influencer les dynamiques politiques nationales. Cette délibération soulève donc des interrogations. Vont-ils être repêchés par le Conseil Constitutionnel ? Wait and see!