Les enseignants vacataires font partie des gens les plus impactés par les mesures anti-Covid19.

Les enseignants vacataires jouent un rôle important dans l’éducation au Tchad mais ils sont vulnérables. C’est le cas en cette période pandémique où les écoles sont fermées. Quelques-uns que nous avons rencontrés témoignent leur quotidien difficile.

Batna, faute de mieux, est enseignant vacataire depuis des années. Il touche des frais horaires oscillant entre 1.000 francs et 1.500 francs. Mais depuis peu avec les congés de fin d’année et les mesures barrières contre le coronavirus qui ont fait fermer les écoles, Batna broie du noir. Il est sans sou et tente d’y remédier en tenant des cours à domicile ou préceptorat. “Je suis locataire et depuis, j’esquive mon bailleur qui refuse de me comprendre et menace de mettre le cadenas à ma porte si je ne lui verse pas le loyer ce mois encore’’, affirme-t-il. Il est actuellement manœuvre sur le chantier de construction d’un particulier au quartier Ardep-Djoumbal. Les transports urbains en commun (bus, taxis) étant également interdits pour le moment, le jeune homme fait le trajet Ambatta-Ardep-Djoumbal tous les jours pour gagner un salaire journalier de 2.000 francs.

Omar, lui, enseigne depuis cinq ans dans des établissements privés de N’Djamena. Avec la suspension des cours, il s’est reconverti en “clandoman’’ car  il doit nourrir et assurer les besoins de sa famille composée de six personnes. Il ne sait à quel saint se vouer et joint péniblement les deux bouts. Il désespère en fulminant qu’il ne vit plus et mais essaie juste de survivre car il est au bord de la dépression. Chaque jour est un éternel recommencement. Il doit se lever tôt et aller se garer au croisement pour attendre d’éventuels clients. Son école ne lui a pas accordé d’assistance en cette période de crise sanitaire contrairement à une de ses connaissances qui enseigne dans une école religieuse. “Lui, a reçu au moins 25.000 francs’’, renseigne Omar. “C’est modique mais c’est mieux que rien’’, concède le bonhomme qui souhaite que les autorités, les patrons d’écoles leur viennent en aide.

Ndjénonkar fait également partie du lot. Pour éviter le stress et la déprime, il passe le clair de ses journées au jeu de Parifoot. Quand il rafle la mise, il se délecte de Bili (Breuvage traditionnel alcoolisé), tape des divers sur place et ne rentre qu’au coucher du soleil. Il a également renoué avec son ancien métier de coiffeur. “Covid et galère obligent. Souvent, je coiffe des voisins et empoche des jetons’’, ironise-t-il.

BACTAR Frank I.