INTERVIEW – A l’issue du congrès du Syndicat des Enseignants du Tchad (SET), Bolmbari Ngolaou a été élu secrétaire général. Dans cette interview, il se prononce notamment sur la crise qui gangrène leur syndicat depuis plusieurs mois. 

A l’issue du congrès qui s’est tenu du 5 au 7 septembre, vous avez été élu secrétaire général du syndicat des enseignants du Tchad. Quelles sont vos impressions ?

Je pourrais dire que c’est un sentiment de réjouissance. Parce que vous vous rendez compte que la non-tenue du congrès a donné lieu à beaucoup de critiques à l’endroit du bureau exécutif sortant. Avec la tenue de ce congrès, en principe, tout ce qu’il y a comme problème devrait s’arrêter. Donc c’est un sentiment de joie mais il faut dire que cette joie est mitigée parce qu’étant élu je n’ai pas perdu de vue la grandeur de la tâche qui m’attend.

Pouvez-vous nous dire quelles sont les grandes résolutions qui ont été prises à l’issue de ce congrès ?

Les résolutions comme vous savez relèvent d’une cuisine interne. Ce n’est pas adressé au grand public. Sinon ce qui nous intéresse ce sont les recommandations à l’endroit du gouvernement. Vous savez, les enseignants ne sont tellement satisfaits de leurs conditions de travail. Il y a également certaines mesures qui vont à l’encontre de l’enseignement tel que le gel de l’autorisation des études. Il y a également les problèmes des accords qui ne sont pas toujours respectées. On signe des conventions mais généralement le gouvernement traine les pieds ou ne respecte pas les accords en temps réel. Donc c’est tout ça qui amène les enseignants à formuler des recommandations pour que désormais tout se passe bien.

Vous êtes venu à un moment où une crise sévit au sein du syndicat. Comment comptez-vous mettre fin à cette guéguerre ?

Vous savez, moi j’ai pris part à la naissance du Syndicat des Enseignants du Tchad, et j’ai été acteur depuis la cellule jusqu’au Bureau exécutif. Je suis connu au Tchad à cause du syndicat. Aujourd’hui le SET a vacillé et beaucoup de camarades qui me connaissent ont insisté pour que je vienne. C’est ainsi qu’ils m’ont confié cette lourde responsabilité. Je ne peux pas perdre de vue la mission qui m’a été confiée. C’est une mission difficile à réaliser mais à cœur vaillant rien d’impossible.

Pensez-vous qu’il est possible de réconcilier les deux camps en face? 

Pourquoi ce pessimisme ? Pourquoi vous pensez que le corps enseignant ne peut pas se réconcilier ? Moi je ne suis pas du tout pessimiste. Si vous voulez parler du comité crise, sachez qu’il avait réclamé la tenue du congrès. C’est ce qui est fait. A moins que ce comité de crise ait un autre agenda. Sinon la principale revendication c’était la tenue du congrès. Les enseignants doivent savoir que nous avons beaucoup à gagner ensemble en restant unis.

L’année qui vient de s’écouler les parents d’élèves ont décrié le niveau des enfants. La mesure c’est quoi : les examens. Vous avez vu les résultats. Et non seulement ça ; les enseignants eux-mêmes ont beaucoup perdu parce que l’ancien bureau était en négociation avec le gouvernement. N’eut été cette crise on aurait pu parvenir à la signature d’un accord qui serait peut-être en ce moment d’être appliqué donc nous avons beaucoup à gagner en restant unis. L’Union fait la force.

Qu’est-ce que votre organisation prévoit faire pour améliorer les conditions de vies des enseignants tchadiens ?

La nouvelle équipe va d’abord chercher à faire comprendre aux enseignants qu’ils ont intérêt à être ensemble. Ensuite, elle va s’atteler à renégocier l’accord avec le gouvernement surtout en ce qui concerne le statut particulier des enseignants par exemple et beaucoup de choses qui sont aujourd’hui obsolètes. Il faut que les enseignants accordent un temps à la nouvelle équipe pour s’atteler à ce travail. Donc nous demandons aux enseignants de reprendre au temps échu le travail et de nous faire confiance pour nous permettre de chercher à améliorer leurs conditions de vie et de travail.

Votre mot de fin ?

Mon mot de fin est d’appeler à l’unité des enseignants. Nos camarades qui étaient mécontents nous les comprenons. Il n’y a pas de société où il n’y pas de querelles mais qu’ils sachent qu’il y a un temps pour faire la guerre et un temps pour faire la paix. Maintenant c’est le temps pour faire la paix. Qu’ils nous accordent un temps dans la mesure du possible à trouver satisfaction à toutes nos revendications.