Le pédagogue Djimrassem Thales a animé une conférence de presse ce 12 mars 2022 au centre culturel Loyola de Paris-Congo. Ce, dans le but de relever des questions capitales et aussi proposer des actions pour redorer le blason de l’école tchadienne.
« En plus des problèmes chroniques sans solution comme la pénurie des salles de classe, de bibliothèques, d’amphithéâtres, d’insuffisance dans la formation des enseignants et dans d’autres, il est à relever d’autres problèmes comme les grèves à répétition, les difficultés dans l’organisation des examens de fin de formation, etc. », a lancé d’entrée de jeu Djimrassem Thales.
De tous les maux que rencontre le système éducatif tchadien, le pédagogue pense que cinq d’entre eux doivent être urgemment solutionnés.
La première urgence pour l’enseignant-chercheur est de revoir l’organisation du baccalauréat. « Ces dernières années, on constate que le baccalauréat est organisé avec trois mois de cours» constate-t-i. Et d’ajouter « de plus, il est organisé en pleine période de pluie ou l’accès à certains centres est extrêmement difficile. Le profil des surveillants est ambigu…il en va de même pour la correction». Pour que ce diplôme qui donne accès aux études supérieures ait toute sa valeur, Thales propose d’imposer le système probatoire dans l’optique d’amener les élèves à travailler et trier ceux qui ont un minimum de niveau requis. Aussi faudrait-il que la correction et la surveillance soient assurées par les enseignants titulaires des classes de terminale et les membres de la communauté scolaire.
La grève des enseignants scientifiques est le second problème auquel Thales pense qu’il faut remédier rapidement. « Nous sommes à deux mois de l’examen du BEF et du baccalauréat, on se pose la question du sort des élèves des séries scientifiques. Et quel miracle pour rattraper le temps imparti? », s’interroge-t-il. L’unique solution reste le paiement des arriérés des enseignants scientifiques dans le but de permettre leur retour dans les classes en vue de préparer les élèves aux examens, estime-t-il.
En troisième position vient la question de la formation des jeunes en situation de handicap. Pour lui, au Tchad, il n’existe pas une école spécialisée pour les déficients. Ce qui explique le fait que les jeunes en situation de handicap s’inscrivent dans les écoles normales. Ces jeunes éprouvent de nombreuses difficultés car l’organisation pédagogique, les techniques d’enseignement et les infrastructures ne tiennent pas compte de leur situation de handicap. Il suggère aux autorités d’appuyer les écoles spécialisées privées pour la formation des jeunes handicapés. Il faut aussi créer des écoles publiques spécialisées.
L’avant-dernier point relevé par le pédagogue est l’urgence d’organiser et faire fonctionner les écoles nomades. Il pense qu’il manque un bon système de coordination des activités pédagogiques de ces écoles. Il est aussi de la gestion des enseignants et des administrateurs. « Il faut former les enseignants itinérants afin qu’ils s’adaptent à ces écoles tout en tenant compte de leur motivation et d’un bon système de paiement de leur salaire », suggère-t-il.
Pour finir, Djimrassem Thales a touché la question de l’éducation civique à la citoyenneté et à la paix. « Les violences des dernières années, les conflits communautaires et des cas d’assassinat doivent nous amener à remettre au centre des préoccupations des autorités la question de l’éducation civique», plaide-t-il.