Le lycée de Krim-Krim, chef-lieu du département de Guéni, dans la province du Logone Occidental, est créé en 1998, sur les cendres du collège d’enseignement général. Cet établissement public éprouve d’énormes difficultés qui entravent le bon fonctionnement des activités pédagogiques.

Sur le plan infrastructurel, le lycée de Krim-Krim n’est que l’ombre de lui-même. Manque de salles de classe, de clôture, des latrines aussi bien pour les enseignants que pour les élèves, les obligeant à se mettre en plein air pour faire le besoin sinon courir dans les maisons environnantes en cas d’un besoin pressant. “Le lycée est traversé par des hommes, des engins à deux et à quatre roues, des animaux pendant les heures de cours perturbant ainsi le calme qu’il faut pour donner le savoir ou apprendre. Tout ceci perturbe les activités pédagogiques”, raconte Lalfaki Gontchomé, proviseur du Lycée de Krim-Krim. “Pour ce qui est de la question des toilettes, nous les filles de ce lycée en souffrons plus encore car nos toilettes sont très intimes qu’il nous faut un endroit bien propre mais malheureusement le lycée n’en dispose pas”, déplore Dénénoudji Mbaïlarkoyal Mariette, élève en classe de seconde unifiée.

Pire, alors que le monde vient de fêter, le 22 mars, l’édition 2023 de la Journée mondiale de l’eau, le lycée de Krim-Krim, lui, ne dispose d’aucun point d’eau pour permettre au corps professoral et élèves d’étancher leur soif et surtout, de se remettre propre après l’activité d’Education Physique Sportive (EPS). Ceci les oblige à se rendre au quartier à tout moment à la recherche d’eau, ce qui joue sur le temps imparti pour les activités pédagogiques. Pour Mbaïhodji Christian, lui aussi élève de la classe de seconde unifiée du lycée de Krim-Krim, le plus grand problème réside au niveau du point d’eau. “Il est impossible dans notre lycée de boire de l’eau toute la journée car aucun point d’eau ni au lycée, ni à proximité alors même que nous sommes en période de canicule”, explique-t-il les difficultés qu’ils vivent.

Une autre difficulté, le problème des enseignants scientifiques. Le lycée de Krim-Krim, l’un des grands départements de la province du Logone Occidental n’en dispose presque pas. Impossible pour les dirigeants de trouver la main d’œuvre nécessaire sur place pour tenir les élèves dans les domaines scientifiques. “Il est quasi-impossible de trouver des enseignants scientifiques ici à Krim-Krim et nous n’en disposons que quelques-uns. Nous évoluons avec les moyens du bord et c’est d’ailleurs, grâce à l’Association des Parents d’Elèves (APE), que nous arrivons à la fin de l’année scolaire”, explique le proviseur du Lycée de Krim-Krim.

En dehors de ces difficultés, un calme olympien règne dans ce lycée et les cours se déroulent comme il se le doit. Et le proviseur de se réjouir que malgré ces difficultés, depuis trois ans qu’il exerce dans ce lycée, les résultats sont toujours satisfaisants, surtout au baccalauréat. “Le taux de réussite pour le premier semestre de cette année est de 49,60% et nous osons croire que jusqu’à la fin de l’année, nous allons dépasser le taux de 50% de réussite”, se réjouit Lalfaki Gontchomé.

Occasion pour Lalfaki Gontchomé, proviseur du lycée de Krim-Krim, de lancer un appel pressant à l’endroit des autorités en charge de l’éducation nationale. “A chaque rapport de fin d’année, nous mentionnons nos difficultés donc il faut que les autorités pensent à nous en nous affectant très tôt des enseignants et surtout ne pas autoriser les enseignants en pleine année scolaire d’aller poursuivre les études car cela joue sur les activités pédagogiques surtout qu’on ne réaffecte pas d’autres à leur place. Et surtout, nous appelons à la poursuite de la politique de construction d’infrastructures éducatives”, appelle le proviseur du lycée de Krim-Krim.

Le sous-effectif, un phénomène qui met en mal les activités pédagogiques

Un autre problème dans le département de Guéni, c’est l’abandon d’école à un certain niveau d’âge par les jeunes du département. Le proviseur déplore ce phénomène du fait que le lycée de Krim-Krim, le plus grand du département de Guéni est à peine à 400 élèves. “Le phénomène de sous-effectif est un grand problème dans le département de Guéni. Les jeunes ici, une fois en 3ème, abandonnent l’école pour diverses raisons donc il y a problème de fond et qu’il faut une forte sensibilisation des parents afin que les jeunes puissent poursuivre les études”, déplore Lalfaki Gontchomé. “En essayant de chercher les causes, beaucoup estiment qu’il faut aller en aventure pour vite évoluer, du côté des filles, c’est le mariage parce qu’elles n’ont pas de soutien donc il faut se marier tôt. Donc elles abandonnent l’école au profit de la famille. A notre niveau, nous essayons la sensibilisation dans les salles de classe et pendant la remise des bulletins afin de remédier à ce problème”, explique le proviseur.