Au Tchad, l’éducation des déficients visuels semble ne pas figurée dans l’agenda du gouvernement. Pour toute la ville de N’Djamena, ils n’ont qu’une seule grande structure pour leur formation. Le Centre des ressources pour jeunes aveugles (CRJA) qui lui aussi est au bord d’une crise sans précédent.

Au cœur du quartier Ambassatna, dans le 3ème arrondissement, se trouve un centre qui donne vie à ceux qui ont perdu la vue, le Centre des ressources pour jeunes aveugles (CRJA). Depuis sa création, en octobre 1988 par un prêtre jésuite du nom Jean Williet, le CRJA a formé des milliers des jeunes aveugles.

Dans la cour, les quelques élèves que comptent le centre vaquent à leur occupation. Christophe, le plus grand d’entre eux, joue à la guitare. Sara et Nadi, les plus petites, se tiennent la main  pour aller aux toilettes. Le chef du centre, Lappel Martin, reçoit un parent d’élève dans son  bureau. Une structure modeste avec un sens élevé d’organisation. Le CRJA n’est pas une école ordinaire. « Ici, on outille les personnes aveugles en technique de lecture et d’écriture : le braille », explique-t-il. Après s’être familiarisé avec la tablette et le poinçon, les élèves sont orientés en éducation inclusive, dans les établissements de la place. C’est un passage obligé pour les aveugles.

Des difficultés liées au départ des bailleurs de fonds

Selon le chef du centre, depuis le départ des bailleurs, le centre n’arrive plus à recruter des enseignants au risque de ne pas les payer. « C’est maintenant que les gens commencent à découvrir notre structure mais malheureusement nos moyens sont très limités pour former un grand nombre d’élèves », regrette Lappel Martin. Pour un frais de 32 500F par an, les élèves sont internés, nourris et logés. Mais cette somme est insuffisante pour couvrir toutes les charges de l’école. Les difficultés sont à tous les niveaux. Les infrastructures ne peuvent pas accueillir un  nombre important d’élèves, les ressources financières ne permettent ni de prendre en charge les enseignants ni les élèves. Depuis que l’Union européenne et la Fondation Liliane ont arrêté leurs soutiens, le centre est au bord du gouffre. Seul le diocèse de N’Djamena qui continue à financer certains volets de la formation.

« Il ne faudrait pas que le handicap soit l’affaire de celui qui en souffre. Tout le monde doit se joindre à nous pour éduquer ces jeunes. Si ces enfants ne sont pas formés, ils deviennent un fardeau pour nous tous. Donc aider nous à aider ces jeunes et c’est pour le bien de notre pays », plaide le directeur du centre, Lappel Martin.