Fin avril 2021, le Maréchal Idriss Déby Itno succombait à ses blessures reçues en défendant l’intégrité du Tchad. Avec sa disparition brutale, les démons de la barbarie semblent s’être déchaînés. Des conflits intercommunautaires ici, des assassinats là, des braquages sanglants ailleurs, etc. Les Tchadiens se livrent à un challenge macabre et chaque jour, le niveau de cruauté dépasse l’entendement.

L’insécurité a atteint aujourd’hui un niveau inquiétant, aussi bien dans la capitale que dans les provinces. N’Djaména est-elle devenue comme Bagdad après la disparition de Saddam Hussein ? Une chose est sûre, personne n’est à l’abri. Le Tchadien lambda n’est plus la cible privilégiée de l’insécurité ; celle-ci a atteint, ces derniers jours, des pontes du régime. Le domicile du général Mahamat Hamouda, commandant de la zone militaire n°9 (Moundou) avait été attaquée en plein jour. Bilan : un mort et un blessé grave. Le domicile de l’ancien ministre de l’Education nationale, Ahmat Khazali Açyl, a été attaqué et saccagé. La violence armée a ainsi atteint des proportions et cibles jamais vues auparavant.

Face à cette escalade de la violence, le Conseil militaire de transition et le gouvernement ont dû réagir. Mais leurs réponses sont du déjà vu : interdiction de circulation de véhicules à vitres teintées et des engins sans plaque d’immatriculation, détention illégale d’armes, fouilles d’armes, etc. Le ministre de la Sécurité publique, le général Souleyman Abakar Adam, a beau promettre que ces mesures seront appliquées sans exception, les Tchadiens restent sceptiques et ne savent quel saint implorer pour leur protection. C’est à juste titre qu’ils se demandent : si un général, le frère d’une ex-Première dame même est agressé, qui les protégera eux, simples « gnama-gnama » (menu fretin, en dialecte local) ?

Le doute des Tchadiens est d’autant légitime que toutes ces mesures réactivées n’ont guère résorbé l’insécurité. L’on a beau faire des fouilles intempestives aux check-points ou dans les domiciles, mener des opérations « coup de poing » (la dernière en cours s’appelle Harmattan), l’insécurité bat toujours son plein. Le Code pénal a beau prévoir et punir le trafic illégal d’armes, les couteaux, les armes de poing et même les armes de guerre continuent à circuler sous les boubous, chemises et vestes ? Comment peut-on lutter contre l’insécurité dans un pays où les armes blanches et même les armes à feu sont des attributs de virilité pour certains compatriotes ?

Le vrai problème et qui fait le lit à l’insécurité est que ces mesures sont appliquées de manière sélective. La loi est dure, mais elle est plus dure et moins dure selon votre tête. Le président du PCMT a réussi à rassembler la grande majorité dans le navire de la transition qu’il dirige, mais il fait aujourd’hui face à un problème de taille : asseoir son autorité au sein du clan. Feu « Kengué » ou « Le Vieux », comme on aimait appeler affectueusement le Maréchal dans le sérail inspirait crainte à tous; il savait remettre les récalcitrants à leurs places. Le général Mahamat Idriss Déby Itno devra faire preuve de la même poigne, d’une intransigeance envers tous et empêcher que N’Djaména ne soit une nouvelle Bagdad où personne n’est à l’abri d’un coup de feu ou de poignard. Il doit garantir la sécurité qu’il a promise aux Tchadiens en prenant la tête de la transition. La sécurité est le gage de la réussite du dialogue national inclusif que les Tchadiens appellent de tous leurs vœux.

La Rédaction