En 2023, soyons plus politiques, plus volontaires, plus impliqués dans notre vie quotidienne. Car la politique ne se limite pas juste à promettre, serrer des mains, passer à la télévision et accessoirement profiter du système pour tout et n’importe quoi. En 2023, soyons des politiciens de l’effectuation en étant des acteurs efficients de notre quotidien.

Si je vous dis que l’année 2022 au Tchad aura été une année politique. Vous penserez directement à Doha, au DNIS, aux manifs du 20 octobre, aux nombreux ralliements d’opposants et que sais-je d’autres. Et bien vous n’y êtes pas. Élargissons nos horizons.

Tout est politique ! Même de simples vœux de nouvel an rendus publics par un quidam sur ses réseaux sociaux seront interprétés par ses quelques amis qui se seront attardés dessus, comme étant une action politique. Ce mot tant employé revêt de multiples approches lexicales. Mais ne me parlez surtout pas de politique comme juste cette manière de gérer les affaires de l’Etat. Non. Cela serait trop réducteur.

Au gré de mes pérégrinations sur YouTube, m’attardant sur un documentaire daté de 1975 intitulé « Jacques le conquérant » consacré à la manière dont l’ancien chef d’Etat français, Jacques Chirac, pratiquait justement cette politique, il a eu cette définition que je trouve très juste à propos de cet art. « Pour un homme politique, rien n’est pire que de se couper de ses sources d’information. (…) Il est essentiel de (se) tremper au niveau des réalités, notamment dans une région pauvre (ndlr : il parle de la Corrèze) ou les gens connaissent de grands problèmes ». Ce qu’il veut dire à travers cette explication c’est que c’est à travers les échanges avec autrui qu’il pratique le mieux son rôle de politicien. Et cela rejoint la définition qui désigne la politique comme cette force qui fait appel au collectif, à la multitude et à l’échange. Cela va au-delà de la simple gestion des affaires de l’État.

Dans la nature de l’homme

Tout est donc politique. Car nous interagissons en permanence avec les autres. Lorsqu’un journaliste de Tchadinfos écrit un article sur les danses du festival Dary… et bien il est politique. Car il déroule le plan du gouvernement qui à travers ces fêtes promeut « la diversité et le vivre-ensemble », mais aussi parce que ce rédacteur souhaite attirer notre attention de lecteur. Il souhaite interagir.

Du matin au soir nous sommes politiques. Avec nos enfants, nos compagnes/compagnons, collègues, agents de la circulation, etc. Nous sommes tous des politiciens dans les faits. Quelle que soit notre posture face aux évènements, elle n’est pas dénuée de sens et n’est pas étrangère à celles et ceux qui nous entourent. Si vous n’avez jamais pensé faire de la politique, dites-vous que c’est cette politique vendue matin, midi et soir dans les infos qui vous répugne. Mais l’autre facette de cette matière, qui est dans la nature de l’homme, vous y êtes. En plein dedans !

Continuons donc à pratiquer la politique. Mais à notre manière. Afin de changer ce qu’il y a en nous et nos rapports avec les autres. Car si l’on rêve tous de changement, celui-ci doit être induit par une volonté profonde et non juste se reposer sur des mots ou des rêveries. Philosophiquement cette approche de la politique au quotidien tient de la sourate 13, verset 11 du Coran. Cette dernière nous enseigne que « Dieu ne change pas la condition d’un peuple jusqu’à ce qu’il change la condition de son âme ».

De petite victoire en petite victoire

C’est donc à partir de ces échanges inévitables du quotidien que nous pouvons modifier, tout d’abord notre quotidien et progressivement celui de nos proches, de nos voisins, de notre quartier, etc. Nous devons nous changer, gagner en positivité et agir.

Tel le colibri dans la parabole (faire sa part pour changer le monde) ? Non. Lui, il n’a rien compris. Il voulait juste se donner bonne conscience. Il faut au contraire agir utile dans ce que l’on sait le mieux faire en suivant le principe de l’effectuation développé par Philippe Silberzahn (professeur de stratégie entrepreneuriale à EM Lyon-Business School). Par abus de langage et pour rester dans le champ sémantique initial parlons plutôt de politique de l’effectuation. D’après la théorie de cet enseignant il faut s’inventer en fonction de ce que nous sommes en faisant avec les moyens du bord notamment en s’appuyant sur qui on est (principe n°1), sur l’action utile, à savoir faire petit mais faire vraiment (principe n°2), et sur les interactions, à savoir faire avec les autres (principe n°3).

« On ne part pas d’un grand problème pour aller vers l’individu ; on part de l’individu qui va lui-même vers le problème. » conclut Silberzahn.

C’est aussi ça faire de la politique.

Bonne année 2023.

Chérif Adoudou Artine