« Le MPS (Mouvement patriotique du salut, Ndlr) existe et existera (…) Le MPS prospérera et sortira grandi de cette transition politique que nous traversons ». Ainsi parlait Abdelkérim Idriss Déby, dit « Kerimo » le 23 janvier dernier à Moussoro, dans le Barh-el-Gazal.

La semaine dernière, le fils du feu Maréchal Déby et le MPS ont fait une démonstration de force pour signifier que le parti est toujours en vie. Mais « Kerimo », Dago Yacoub, le secrétaire général 1er adjoint du MPS, et leurs camarades ont péché en alignant des centaines de véhicules Toyota V8, ces bolides japonais vendus à pas moins de 60 millions de FCFA l’unité. Dago a tenté de banaliser ce trop de bling-bling en disant qu’ils ne sont pas riches et que le MPS n’est pas riche, mais le ballet des V8 dans la localité de Chadara et dans le Barh-el-Gazal, où il manque de routes, d’eau potable, d’hôpitaux, d’écoles et d’autres infrastructures essentielles, a choqué beaucoup d’observateurs. A juste titre. Ces critiques légitimes devraient inciter le MPS à se réinventer, à délaisser le folklore et à faire la politique autrement.

Au-delà du bling-bling, une chose est sûre : ceux qui avaient cru que le MPS ne survivra pas à la mort brutale de son président-fondateur, ont commencé à lire l’heure, comme nos voisins camerounais aiment le dire familièrement. Fini le temps du deuil ! L’ancien (et futur ?) parti au pouvoir est de retour. Il rameute ses troupes pour faire bloc derrière le Conseil militaire de transition (CMT) et continuer à peser sur l’échiquier politique de la transition. Il se place surtout comme le meilleur candidat à sa propre succession.

Le MPS veut faire une union sacrée. Pour preuve, la tentative de deux fils Déby, il y a quelques mois, de créer un parti politique a été étouffée dans l’œuf. L’éléphant renversée par une armée de fourmis ou que tentaient de relever les fourmis, ne verra pas le jour. Tout le clan Déby doit se montrer uni pour que les autres militants maintiennent ou rejoignent les rangs où il y a eu des défections après la mort du Président-fondateur.

Autre preuve, l’ancien Secrétaire général, Mahamat Zen Bada, est attendu dans les prochains jours à N’Djaména. Zen Bada, qui a dû se retirer en France peu de temps après la mort du Maréchal, va regagner la capitale et le Tchad qu’il affirmait connaître « village après village ». Il rentre d’après ses proches, serein après avoir pris le temps de faire son deuil, se soigner et se reposer.

Certes, Zen Bada a perdu la direction du parti au profit de Haroun Kabadi (par ailleurs président du Parlement transitoire), mais il est indéniable qu’il a encore un rôle à jouer dans son parti. L’ancien maire de N’Djaména, excellent trublion, est le meilleur mobilisateur de troupes que le MPS n’ait connu. Kabadi a montré sa loyauté au défunt, il a été bien remercié par deux grands strapontins : le secrétariat général du MPS et la présidence du Conseil national de transition (CNT). Mais il est trop bureaucratique, et l’âge et la maladie ne lui permettent pas de remplir convenablement les deux fonctions. Il devra donc céder la direction du MPS à quelqu’un de plus jeune et plus dynamique.

Le MPS est sur les starting-blocks. Le champion qui sera désigné pour porter ses couleurs aura besoin de l’expertise de Zen Bada, mais aussi de l’appui d’autres étoiles montantes du parti, comme Abakar Rozzi Teguil (l’artisan de la mobilisation de Chadra), Amina Priscille Longoh, Mohammed Christian Routouang ou encore des ténors comme Jean-Bernard Padare pour redynamiser le parti de Bamina. Mais le temps tourne, la transition court et l’équipier politique se redessine… Et le clan Déby et le MPS savent qu’il ne faut plus perdre du temps.

La Rédaction