Lundi dernier, nous exhortions vivement le gouvernement à ouvrir nos frontières aériennes et terrestres. Il a entendu nos réclamations somme toute légitimes et justifiées. Les aéroports seront ouverts le 1er août. Un test Covid-19 négatif sera exigé à l’arrivée, un nouveau test sept jours après.

Voici une décision très sage qui va nous empêcher d’avoir des cas importés et d’avoir à soutenir une quatorzaine en masse de passagers (les infrastructures hôtelières ne suffisent pas pour héberger les passagers d’une semaine de vols et nous n’avons pas les moyens financiers de les prendre en charge longuement). La confiscation du passeport est un bon moyen de pression.

Cependant, les mêmes tests doivent être imposés à toutes nos frontières terrestres car si la situation est officiellement maitrisée chez nous, elle reste critique dans certains pays voisins. Avec la porosité de nos frontières et des agents de sécurité véreux qui sont ici et là, nous craignons que des passagers monnaient leur entrée contre des billets de 5.000 F. On se souvient comment le 11ème malade déclaré du Covid-19 ou le «patient pakistanais» est rentré au pays le 25 mars dernier, malgré la fermeture des aéroports, dissimulant sa maladie et la distribuant de N’Djaména à Abéché. On a vu comment l’interdiction de voyager et la quarantaine des grandes villes, ont été contournées, etc.

Dimanche dernier, après plusieurs semaines où la courbe de propagation du virus s’est inversée et les nouvelles contaminations et morts presqu’inexistantes, l’on a comptabilisé six nouveaux cas. Sur les 24 dernières heures, l’Organisation mondiale de la santé a enregistré 230 000 nouveaux cas, un record. Le risque d’une nouvelle vague est donc sérieux, partout. Chez nous, dans la plupart des lieux de culte, autorisés à rouvrir, l’on ne respecte pas les mesures barrières, exception faite du masque qu’on ne porte pas d’ailleurs convenablement. Situation similaire dans les transports communs où les bus sont toujours bondés.

La réouverture des églises et mosquées a ouvert un nouvel horizon plein d’énigmes et de peurs. Avec la reprise des échanges internationaux, la pandémie risque de redémarrer. Loin de doucher les espoirs de millions de Tchadiens de sortir de plus de trois mois de «semi-liberté», nous devons aborder avec la plus grande prudence la phase la plus délicate de notre gestion de la Covid-19. Il faut éviter une recrudescence de l’épidémie qui obligerait le gouvernement à réinstaurer les restrictions de rassemblement et de mobilité et à ne pas lever la quarantaine des principales villes et le couvre-feu qui vient d’être allégé. Quand on voit les dégâts socio-économiques causés par la pandémie depuis la mi-mars, l’Etat et le citoyen doivent tout faire pour éviter un nouveau confinement.`

L’Etat doit mobiliser simultanément et en nombre suffisant tous les moyens: masques, tests et équipes chargées de maitriser la propagation du coronavirus. Aujourd’hui, nous sommes mieux outillés qu’au début de la crise; le nombre de tests disponibles est assez considérable et les capacités de dépistage accrues et décentralisées dans les principales villes. Mais l’Etat doit se montrer exemplaire et intransigeant vis-à-vis des lieux de culte, des agences de voyage et de tous qui foulent aux pieds les mesures barrières.

Le citoyen doit assumer sa part de responsabilité sanitaire, prendre toutes les précautions pour se protéger et protéger les autres. Aux gestes barrières, il doit s’imposer le port du masque, en tout lieu public. La responsabilité signifie que lorsqu’on sent les symptômes du virus, il faut immédiatement aller à l’hôpital et éviter de cacher une maladie qui n’est nullement une honte. Notre sens civique et la responsabilisation de chacun et tous (Etat et citoyen) sont nos armes pour empêcher une nouvelle vague du virus.

La Rédaction.