Le deuxième forum national inclusif (FNI) s’est achevé le 1er novembre dernier. Le tout, sous la maestria de Mme Mariam Mahamat Nour. La ministre secrétaire générale du gouvernement a dirigé tout, de bout en bout, depuis la composition du comité d’organisation où elle a placé ses lieutenants (notamment la SGG adjointe, Lucie Béassemda, la DG de son ministère Mme Neloum Mbaïgoto respectivement comme présidente et trésorière) jusqu’aux débats qu’elle a dirigés pendant quatre jours d’une main de fer. Quitte à couper le micro à certains participants qui s’aventuraient dans des divagations. L’on retiendra donc du FNI 2 son côté théâtral, à la limite burlesque, et les grandes décisions qu’elle a inspirées ou avalisées, selon certains.

D’une part, le forum a été une véritable scène de théâtre où 600 acteurs et figurants ont rivalisé. Certains débitaient des choses incohérentes, qu’elles ne maîtrisaient pas. D’autres faisaient des propositions aussi ahurissantes que assommantes, comme sacraliser le président de la République et déchoir de la nationalité les Tchadiens qui oseraient critiquer le régime ou encore remplacer le drapeau tchadien par celui du Mali. L’autre côté théâtral du forum a été illustré par la réduction de l’âge minimum pour être candidature à la présidentielle de 45 à 40 ans. Alors que presque toutes les interventions avaient milité pour un âge plancher à 35 ans, le présidium a imposé au finish les 40 ans, comme pour prouver à l’opinion que les 600 personnes réunies n’étaient là que pour de la figuration.

D’autre part, le FNI 2 a permis de corriger les grossières erreurs politiques commises par le FNI 1 de 2018. Il y a notamment la suppression du très controversé serment confessionnel imposé il y a deux ans et qui n’a pas réussi à freiner la corruption, la concussion et le détournement des biens publics. Il y a également le rétablissement de la Cour des comptes que le forum de 2018 avait supprimé, en violation flagrante du droit de la CEMAC. C’est à se demander s’il y a véritablement des juristes autour du chef de l’Etat.

Le FNI a, par ailleurs, pris deux grandes innovations portant sur la création d’un Sénat et d’un poste de vice-président. Avec la création d’un Sénat, le Tchad se dotera d’un parlement bicaméral, ce qui aura une incidence considérable sur le budget de l’Etat. Il est préférable que le Sénat devienne carrément le Haut conseil des collectivités autonomes et des chefferies traditionnelles ; mais si ce dernier subsiste, quoique recentré dans ses attributions, à côté d’une chambre haute du parlement, ce sera un doublon inutile, des charges financières de trop pour un pays qui peine à sortir la tête de l’eau depuis 2014, mais multiplie les institutions budgétivores et inefficaces.

Last but not least, la plus grande décision prise par le FNI restera incontestablement l’érection d’un post de vice-président. Il est vrai que le maréchal Déby, a besoin de quelqu’un pour l’aider dans ses tâches. Mais le mode de choix du vice-président reste encore flou : sera-t-il désigné par le président de la République ou élu, au suffrage universel direct, sur le même ticket que celui-ci, comme sur le modèle américain ? Si le vice-président sera appelé à assurer la vacance de pouvoir du président, il doit être élu de la même manière que lui. Décréter un vice-président qui remplacera un jour le président, sera une offense au peuple tchadien souverain, seul détenteur du pouvoir !

La Rédaction.