Dans les années 1960, le coton était le seul produit agricole que le Tchad exportait. Il représentait pratiquement à cette époque plus de 60% de recettes tchadiennes, d’après Ibrahim Malloum, ex-directeur de la CotonTchad et actuellement secrétaire général chargé du commerce dans la nouvelle société, la multinationale singapourienne OLAM.

Avant l’exploitation du pétrole, l’économie tchadienne était portée à bout de bras par l’activité agricole, notamment le coton. Il occupe la part la plus importante puisque c’est le seul commerce formel que le Tchad avait à l’époque.

“L’exportation du coton représentait pratiquement à l’époque jusqu’à 60% de recettes du pays avant le pétrole”, fait savoir l’ancien directeur de la Cotontchad devenu aujourd’hui secrétaire général chargé du commerce dans la multinationale singapourienne Olam, Ibrahim Malloum. L’élevage, dit-il, n’était pas du tout aimé. Car, d’après lui, “l’exportation des troupeaux de bétail sur pied suit souvent des circuits qui n’étaient pas aussi traçables comme l’exportation du coton.” Et, toujours d’après lui, les recettes qui retournent souvent sont sous forme de troc : “souvent les exportateurs de bétail reviennent avec des marchandises, des farines,” les huiles, gasoil ainsi de suite.

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A l’époque, la Cotontchad était au début Cotonfranc de 1927 jusqu’à 1971. Le Tchad était entretemps le plus grand producteur du coton en Afrique. « Si on réunissait même juste en cette période-là, la seule production du Tchad équivalait à l’ensemble de celle des autres pays d’Afrique francophone », se souvient Ibrahim Malloum.

Par la suite il y a eu des restructurations, le nombre des usines qui était à 22 a été réduit à neuf (9) mais les 22 usines traitaient moins que neuf usines aujourd’hui. « Une augmentation de capacité, on a rationalisé toutes les usines sur la voie de vacation, celle de Kyabé, Sarh, Koumra, Doba, Moundou, Kelo, Pala, Léré en dehors de Gounou-Gaya qui est sur la voie de vacation », retrace-t-il.

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Plus de trois millions et demi de personnes tirent l’essentiel de leurs revenus de l’activité de production, de récolte et de transformation du coton. « Que ce soit les cotonculteurs, les employés, les transporteurs, que ce soit le transport de coton graine de l’usine vers la brousse, que ce soit le transport de balles de coton déjà égrainé de nos usines vers Douala ou vers Ngaounderé où il prend le chemin de fer, etc. ».

Toujours à l’époque, les crédits de campagne pour certaines banques représentaient jusqu’à 40% de leurs recettes d’exportation puisqu’elles prêtaient à la Cotontchad de l’argent pour les crédits de campagne. Cela pour acheter des engrais, les insecticides, pour mettre à la disposition des cotonculteurs et aussi prendre les crédits de campagne pour acheter les cotons aux paysans, remboursables sur 17 mois, c’est ce qui permet aussi aux banques de faire leurs activités, d’avoir leurs ressources financières, explique Ibrahim Malloum.

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Dès que les paysans gagnent leur argent dans les 50 à 60 milliards de francs CFA d’achat du coton, ils partent injecter dans l’achat des pagnes, des savons, des bicyclettes, des motos, la construction des maisons, … C’est cela qui fait tourner l’activité économique. « Si on prend Moundou, il y a certains qui vivent que des activités de l’huilerie, que des activités de tourteaux. Ils achètent, vendent et vivent que de ça. D’autres l’huile, des savons, les petits fournisseurs du coton, … c’est aussi une masse importante d’argent, des milliards et des milliards indépendamment de l’argent d’achats du coton-graine ».

C’est par l’activité du coton que l’économie marchait. Des fournisseurs et clients qui, dans la partie Sud du pays fonctionnaient très bien, c’était l’effet du marché cotonnier. C’est une multitude de piste cotonnière. C’est toute une activité économique qui est organisée autour de l’activité du coton, détaille le secrétaire commercial d’Olam. « Donc l’effet boule de neige, il est dans tous les secteurs d’activité. Le trésor public, la taxe à l’exportation à l’extérieur à l’époque avant qu’il soit supprimé, le droit de douane, la taxe locale pour les mairies, tout cela irrigue l’activité unique ».

Pendant des décennies cette activité a marché. Qu’est-ce qui peut donc expliquer la chute de la Cotontchad a chuté ? La réponse au prochain numéro.