Le chef-lieu de la province du Lac, Bol, tourne au ralenti depuis 2015, avec l’installation de la secte Boko Haram dans de nombreuses îles. Son marché hebdomadaire, très fréquenté les jeudis par des commerçants venus de différentes localités et pays voisins, notamment du Niger et du Nigeria, ne grouille plus de monde. Aujourd’hui, la ville tire le diable par la queue et de nombreuses personnes ne vivent, désormais, que de l’aide humanitaire.

Le marché hebdomadaire de Bol, toujours bondé de monde, avant 2015, tous les jeudis, a changé de visage, avec l’apparition et surtout les attaques de la secte Boko Haram dans les îles et certains villages de la province du Lac. Les frontières terrestres entre le Tchad et ses deux voisins ont été fermées empêchant le trafic des êtres et des marchandises dans la localité qui est une porte d’entrée des biens au pays.

« Nous avons commencé à rencontrer des problèmes et difficultés pour notre commune en 2015, avec la fermeture des frontières terrestres avec les deux pays voisins qui sont le Niger et le Nigeria dont les commerçants viennent nombreux à notre marché hebdomadaire ici à Bol. Nos recettes ont drastiquement baissé », décrit Ahmat Abakar Abdoulaye, maire de la ville de Bol.

« Avant 2015, mon commerce général marchait comme sur des roulettes. Je n’ai aucune plainte en réalité pour le commerce que je faisais car je voyageais vers le Niger et Nigeria, dans les marchés hebdomadaires pour faire mon business. Aujourd’hui, je n’atteins même pas les 10% de mon business. C’est dire que la secte comme on appelle ici, a un impact non seulement sur notre commerce, mais sur notre business », se plaint Brahim, l’un des grands commerçants de la localité.

Le Maire de la ville de Bol, Ahmat Abakar Abdoulaye

Aujourd’hui, la ville de Bol, chef-lieu du Lac, avec ses nombreuses îles et villages montrent l’apparence d’une ville assistée. La première des choses qui saute à l’œil quand on descend dans cette ville est la présence très remarquée des organisations humanitaires tant nationales qu’internationales.

La ville de Bol, aujourd’hui, tout comme ses habitants, sont assistés par les organismes humanitaires, bien qu’à l’intérieur de la ville, rassure le maire, il ne se pose pas de problème de sécurité, grâce au comité de vigilance. « En réalité, après l’opération colère de Bohoma, lancée par le défunt Maréchal, on ne parle pas de Boko Haram dans les îles mais plutôt des bandits qui font des incursions pour arnaquer », fait observer le maire de Bol, Ahmat Abakar Abdoulaye.

Pour Achta Mbodou, ménagère, et cuisinière dans une Ong internationale, la ville de Bol est aujourd’hui invivable à cause de la cherté de vie. « Avec la présence des humanitaires, tout est devenu cher au marché. Le poisson, même ici à Bol, le prix a grimpé. Surtout que les commerçantes ont investi la ville pour acheter le poisson vers N’Djaména, il est difficile de vivre dans la ville avec peu d’argent », alerte-t-elle en appelant les autorités à trouver un plan de relance de l’économie pour sa localité.

Et le maire d’appeler les autorités à plus d’investissements dans la zone bien qu’elles assistent la commune dans l’aménagement urbain. « Avec les recettes qui ont baissé, notre commune vit beaucoup plus de la subvention de l’Etat. Cependant, nous intercédons auprès du gouvernement de la transition à encore plus d’action pour notre ville car elle est aujourd’hui victime de la secte Boko Haram », plaide Ahmat Abakar Abdoulaye.