A l’occasion de la réception d’équipements médicaux offerts par Israël, le ministre de la Santé publique et de prévention, Dr Abdelmadjid Abderahim, a fait un point sur le système sanitaire tchadien.

Le contexte sanitaire du Tchad, selon Dr Abdelmadjid Abderahim, ministre de la Santé publique et de la Prévention, est fortement marqué par la prévalence des maladies endémo-épidémiques (parmi lesquels, le paludisme vient en première position), suivi respectivement des maladies diarrhéiques et des maladies chroniques.

Pour lui, un système de santé ne se décrète pas mais se construit en faisant référence à la fragilité du système de santé au Tchad. Il pointe du doigt l’insuffisance du personnel tant quantitativement que qualitativement. “Nous avons actuellement 150 hôpitaux de district, 2 049 centres de santé mais seulement 2 000 agents toutes catégories confondues. Mais il faudrait qu’on se colle à notre système de santé car nous avons une politique sur dix (10) ans et si on fait l’erreur d’oublier un seul pilier de santé, cela va tirer les indicateurs vers le bas“, rappelle-t-il.

Les premiers piliers de santé au monde, fait entendre le ministre de la Santé publique et de la prévention et au Tchad en particulier, sont au nombre de six (6). Il cite les ressources humaines, les infrastructures, les médicaments, la prestation de soin, les financements et surtout la gouvernance des ressources. ” un système de santé sans les ressources humaines et qui n’est pas financé n’est pas viable. Il y a également et surtout, la gouvernance des ressources car si les ressources prennent d’autres destinations, le système de santé va s’effondrer, et c’est le cas du Tchad. Depuis 35 ans, les indicateurs sont restés au même niveau. D’autres se sont même dégradés. Le Tchad perd actuellement 19 mille femmes par jour en donnant la vie“, constate-t-il avec regret.

Selon Dr Abdoulmadjid Abderahim, la mortalité maternelle, y compris infanto-juvénile est très élevée. “Le taux de mortalité néonatale est de 34 pour 1 000 et infantile est de 70 pour 1 000 naissances vivantes. Et le Tchad notifie selon les statistiques de 2014 – 2015, un taux de mortalité de 860 décès pour 100 000 naissances vivantes“, relate le chef du département de la santé au Tchad. Et d’ajouter si l’on essaye de jouer sur l’équilibre, la dimension d’un médecin par habitant, d’un infirmier par habitant, d’une sage-femme par habitant, le Tchad est très loin des normes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). “En exemple, on a un seul pharmacien pour 124 000 habitants. C’est un écart énorme. Mais on doit construire notre système de santé de façon progressif“, relate-t-il en exemple appelant à un transfert de compétences.

Pour lui, la vision est d’avoir un système de santé où il y a des ressources humaines nationaux en quantité et en qualité pour ne pas dépendre de l’extérieur et pour cela, qu’il faut agir sur l’offre et la demande. “Notre objectif général consiste à faciliter l’accès universel des services sociaux de base pour l’ensemble des Tchadiens dans l’équité. Et pour qu’un système de santé soit résilient, performant, équitable, solidaire il faudrait qu’il soit intégré et décentralisé parce que s’il y a une forte concentration, un système de santé ne va jamais évoluer“, poursuit Dr Abdoulmadjid Abderahim.