HISTOIREParmi les personnalités tchadiennes ayant occupé le poste de Premier ministre chef de gouvernement, il y a Djidingar Dono Ngardoum dont on en parle peu, ou presque pas. Pourtant, il a été nommé Premier ministre par le président Goukouni Weddeye.

Lorsqu’on parle des premiers ministres du Tchad, l’on cite rapidement, Lisette, Ngarta, Gontchomé, Koulamallah, Habré ou encore ceux qui ont occupé le poste sous Idriss Déby, mais rarement le nom de Djidingar Dono Ngardoum revient dans les conversations. Et, pourtant, il a été Premier ministre.

Homme politique et chef coutumier, Djidingar a été nommé le 19 mai 1982 chef du gouvernement à l’époque du GUNT (gouvernement d’union nationale de transition) dirigé par Goukouni Weddeye. Il forma son gouvernement le 2 juin 1982. Mais, avant même que son équipe gouvernementale s’installe et commence à travailler, elle a été balayée, cinq jours après sa formation, par le CCFAN (conseil de commandement des forces armées du nord) qui a marché sur N’Djaména pour renverser le 7 juin 1982 le président Goukouni.

En effet, acculé par les forces du CCFAN, le président Goukouni a tenté de donner un nouveau souffle au GUNT qu’il dirige depuis le début de l’année 1980. Seul chef, il décida de déléguer certains de ses pouvoirs à un premier ministre. C’est pourquoi, il choisit Djidingar, fils du chef coutumier Ngarbaroum. Ainsi, dans cet éphémère gouvernement de cinq jours figure les personnalités comme Acheikh Ibn Oumar (Défense), Naïmbaye Lossimian (Agriculture et Aménagement du territoire), Mahamat Nour Adam Barka (Affaires étrangères et coopération), Garondé Djarma (Intérieur et Sécurité), Jean Bawoyeu Alingué (Finances), Gane Bang (Justice), Dr Noukouri Goukouni (Transports et Economie), Ngaradoum Mon-Djasngar (Plan et reconstruction).

D’autres personnalités ont occupé des postes ministériels, à l’exemple de Réoulengar (Education), Dr Héléna Tchiona (Travaux publics, mines et géologie), Ahmat Mahamat Faki (élevage, eaux et forêts), Michel Ngangbet Kosnaye (information, tourisme et artisanat), Mamadi Ngarkélo (fonction publique et travail), Zakaria Abdoulaye (postes et télécommunication), Tchari Maïna Affono (santé et affaires sociales).

Le secrétariat général du gouvernement est occupé par Joseph Yodoyman. L’équipe gouvernementale a eu en son sein, six secrétaires d’Etat (SE) qui sont Capitaine Béchir Ali Haggar (à la défense), Yankalbé Passiri (aux Affaires étrangères), Brahim Mahamat Malla (à l’éducation nationale), Ali Mahamat Zène (à la primature et à l’assistance sociale) et Koïbla Djimasta (à l’intérieur chargé de la réforme administrative).

Ce gouvernement du 2 juin 1982 composé de 23 membres dont 16 ministres, un secrétaire général du gouvernement et six secrétaires d’Etat n’a exercé que cinq jours. L’entrée triomphale le 7 juin 1982 des troupes d’Hissène Habré a mis fin à environ quatre mois de gouvernement d’union nationale de transition avec des nombreuses tergiversations, des coups bas, désaccords entre les chefs de guerre, entre autres.

Une nouvelle page de l’histoire politique du Tchad s’ouvre avec l’instauration de la troisième république sous Hissène Habré, même si les principaux acteurs de la scène politique tchadienne restent les mêmes. Djidingar Dono Ngardoum, le Premier ministre « méconnu », même s’il n’a plus ce titre, il restera l’un des dignitaires du régime Habré en occupant dans plusieurs gouvernements, le poste de ministre d’Etat.