Portrait – Dans les collines de Golonti, un village situé dans le Guéra, à 23 km de Mongo, une femme transforme la pierre brute en espoir. Djamié Djimet, mère et maçonne, incarne courage et ténacité. Dans un métier souvent perçu comme réservé aux hommes, elle brise les stéréotypes avec force et détermination. Aujourd’hui, dans le cadre d’une mission organisée par le consortium Unicef, le ministère de la Communication, l’Union des Journalistes tchadiens et la Maison des Médias, nous sommes partis à sa rencontre.

Derrière ce visage marqué par l’effort se cache une force exceptionnelle. Djamié Djimet incarne la résilience et la détermination. Avant le décès de son mari, cette femme d’environ 45 ans, mère de 15 enfants, était dépendante des autres pour subvenir à ses besoins. Aujourd’hui, elle inspire tout son village grâce à un parcours hors du commun.

Dans une communauté où la maçonnerie reste un métier exclusivement masculin, Djamié s’illustre par son courage. Pelle à la main, elle façonne le béton, transporte du gravier et construit des dalles pour des latrines. Son lieu de travail ? Les collines de Golonti. Ses outils ? Une pelle, un seau, ses mains… et un courage inébranlable.

« Je suis maçonne, et ce n’est pas un métier facile, surtout avec les moyens limités dont je dispose. Parfois, mes enfants m’aident à transporter les matériaux, comme le gravier. Moi-même, j’ai été blessée au pied en portant des charges lourdes », confie-t-elle. Elle raconte devoir grimper des collines avec des seaux sur la tête pour récolter des matériaux, un effort éreintant mais qu’elle endure sans fléchir.

Djamié a découvert sa vocation en construisant sa propre maison. C’est alors que l’idée de former des femmes à la maçonnerie a émergé dans son canton. Sa détermination et son talent naturel lui ont valu d’être sélectionnée pour une formation organisée par l’Unicef à Mongo, financée par des fonds allemands. Depuis, elle a transformé sa passion en métier et en mission : bâtir pour elle, pour ses enfants, et pour sa communauté.

« Dans ma communauté, j’ai offert des dalles pour le centre de santé et au chef de camp. Le reste, je le vends à un prix modeste, environ 7 000 francs l’unité. Mais la demande est faible. Une fois, un client a acheté en quantité pour les emmener ailleurs, mais ces opportunités sont rares. »

Malgré les épreuves, Djamié ne baisse jamais les bras. Un incendie a détruit une partie de son matériel, mais elle a reconstruit sa maison elle-même, aidée par d’autres femmes du village. Grâce à une dotation initiale comprenant du ciment, des fers et des gants, elle a pu reprendre son activité, bien que ses outils restent rudimentaires.

Cependant, elle rêve plus : « Si le gouvernement pouvait nous fournir plus de matériel et des formations supplémentaires, cela changerait nos vies. Je veux prouver que les travaux physiques ne sont pas réservés aux hommes. Nous, les femmes, pouvons aussi nous battre, travailler dur et réussir à subvenir aux besoins de nos enfants. »

Dans son village, Djamié est devenue une source d’inspiration. Soutenue par les hommes de sa communauté, elle encourage les femmes à briser les barrières sociales et à lutter pour leur autonomie. « Je crois qu’une femme autonome gagne en dignité et en confiance. C’est ce que je veux transmettre : un message de force et de détermination, malgré les obstacles. »

Djamié Djimet ne se contente pas de construire des dalles : elle bâtit aussi des ponts vers un avenir meilleur, pour elle, ses enfants et toutes les femmes de sa communauté.