Ndjamena, la ville qu’on aime de loin. Telle est la description que certains de mes compatriotes donnent à la ville capitale tchadienne. Une ville qui est prête à offrir aussi bien sa chaleur climatique que sa chaleur humaine au premier étranger qui la foule des pieds. Par ici, la cordialité entre autochtones n’est pas de mise, contrairement aux étrangers qui jouissent de toutes les marques de sympathie. Néanmoins, voici une liste de 10 raisons qui vous fera, cher lecteur, détester la «ville repos».
1 – le crachat
Je ne sais pas pourquoi les Tchadiens aiment tant cracher n’importe comment et n’importe où? La scène classique est celle d’un motocycliste qui en pleine vitesse et à contrevent vous arrosera de sa salive après avoir correctement raclé sa gorge (écoutez le son ci-dessous). Dans certains bureaux, l’administration est obligée de mettre en garde contre de telles pratiques en affichant des notes de service. « Des fois, je souhaite bien en découdre sur-le-champ avec les personnes qui crachent partout. Dommage que je suis célèbre à Ndjamena se plaint une star tchadienne de la musique.Comment allons-nous faire, si jamais une épidémie telle que la fièvre Ebola nous attaquait ? Dieu nous en préserve. »
2 – la chaleur
Le mois de mars est connu comme étant le point pic de la chaleur. La température oscille entre les 40 et 52 °C. C’est le mois où les nerfs sont vraiment tendus. Les tenues en coton sont donc de mise en cette période de l’année.
3 – la poussière
Le Tchad est l’un des plus importants pays exportateurs de poussière. Et ce, grâce à la dépression de Bodélé qui envoie de la poussière jusqu’en Amazonie. Chaque année, le Tchad exporte une tonne de poussière ! Il se trouve que Ndjamena est sur son passage. Je vous recommande des lunettes qui couvrent correctement les yeux.
4 – la cherté de la vie
Le Tchad importe de la viande dans la plupart des pays de la sous-région, mais pourtant le méchoui (barbecue) coûte plus cher à Ndjamena qu’à Bangui par exemple. Du transport urbain au logement en passant par les produits de première nécessité, tous ont connu une flambée des prix, avec l’avènement du pétrole. Notre capitale est la troisième ville la plus chère au monde pour les expatriés, selon le classement du cabinet Mercer.
5 – L’insécurité
A l’heure où je rédige ce billet, les actes de banditisme connaissent une certaine chute. Malgré les patrouilles mixtes des Forces de défense et de sécurité (FDS) et les commissariats de police décentralisés, quelques rezzous de malfaiteurs continuent de commettre des forfaits en opérant des hold-up, des braquages, et en agressant les paisibles citoyens. Les quartiers reculés ne sont pas fréquentables aux heures tardives.
6 – la circulation routière
Conduire au Tchad relève d’un véritable parcours du combattant. Rares sont les conducteurs de voiture ou d’engin à deux-roues qui maîtrisent le Code de la route. En »absence des policiers qui régulent la circulation au niveau des ronds-points, le premier à s’engager est prioritaire. Alors les conducteurs s’élancent dans une véritable course-poursuite où le nombre d’accidents de la route de cesse de gonfler les statistiques.
7 – le fossé social
« Nous avons des compatriotes qui vivent avec nous dans ce pays, mais ils ont la même fraîcheur du corps que ceux qui vivent en Occident » aiment se plaindre les Tchadiens les moins nantis de ceux qui ont plus « d’avantages ». Au Tchad, l’écart entre riches et pauvres est très grand. L’aigreur des pauvres grandit de jour en jour, au rythme de la dégradation de leur situation. Tenez, la pénurie d’essence de ces derniers jours, c’est toujours les plus démunis qui en pâtissent.
8 – les ordures
Bouchez votre nez, s’il vous plaît ! Vous êtes au bord du bouta (marigot) de Ridina. Çà et là, les ordures sont entassées bouchant les conduits d’eau usée qui avec le temps dégagent des mauvaises odeurs. La population produit et déverse ses ordures à tout vent. On s’en fout la mairie fera son travail, celui qui consiste à racketter les pauvres vendeuses de poissons du marché deDembé, qui n’ont pas d’ailleurs pas d’espace aménagé mis à leur disposition. L’insalubrité est donc une œuvre issue de la complicité entre la population, la mairie et l’appareil pensant de l’État. Il faudrait donc établir des règles claires pour chaque partie.
9 – la saison des pluies
Des bottes en caoutchouc, il vous en faudra si vous envisagez de venir à Ndjamena pendant la saison des pluies. Les marchés, les quartiers reculés, et même certaines portions du centre-ville baignent dans l’eau. Après la pluie, c’est la boue, en parlant des quartiers tels que Habena, Boutal-Bagara, Atrone… Il faut pétrir la boue pour sortir de ces quartiers. La plupart des travailleurs de la fonction publique habitent dans ces zones et sont obligés de se mettre dans des tenues de sport pour aller au travail, ils se changent une fois sur place et le lendemain le même exercice se répète en attendant la saison sèche où les attendent la poussière et le soleil.
10 – Internet !
Le nerf de la guerre. À Ndjamena, il y a moins d’un cybercafé par arrondissement, et l’arrivée de la fibre optique pompeusement annoncée n’est toujours pas effective. Allez squatter les bureaux de vos amis, des membres de votre famille, vos connaissances… Si vous avez besoin d’un shoot de net. Internet est encore un mythe pour plus de 98 % des Tchadiens.
PS : Avant de finir, rassurez-vous, quoique ma ville natale a beaucoup de défauts, elle a autant de qualités allant de la légendaire Djitan Djitou (hospitalité) à la grande diversité culturelle que vous offre cette ville carrefour.
Source : lacoquette.mondoblog.org