La composition du présidium du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) proposé par le Comité d’organisation de ce dialogue (CODNI) aura été commenté de diverses manières ce dimanche 28 août en fin de journée. Ambiance délétère sur le Perron du Palais du 15 janvier.

La colère était si vive ce dimanche en fin de journée que les travaux du DNI ont dû être ajournés par Acheick Ibn Oumar, qui a été la cible de tous les courroux suite à cette proposition de 21 noms qui composeront le présidium du dialogue, cette « instance de direction des débats ». Pour rappel, c’est Gali Gatta Ngoté, de l’UFD (Union des forces démocratiques), qui s’est vu adoubé pour en être le président.

Au-delà de la composition du présidium, c’est la méthode utilisée par le désormais retraité CODNI qui a fâché bon nombre de participants. Alors que tous les observateurs s’attendaient à ce que ce soit les 1412 délégués qui choisissent (ou du moins pèsent dans la désignation) les personnes qui présideront les assises parmi les quelques 500 noms proposés, la salle a eu droit à une liste apprêtée par un groupe de « sages » dont les identités ont été tus.

Sur le perron du Palais du 15 janvier, les invectives sont allées crescendo. Ainsi, parmi tant d’autres, Siddick Abdelkerim Haggar, président de l’URT (Union pour la refondation du Tchad), n’a pas manqué de faire le lien entre ce qu’il s’est passé ce dimanche et les 2 fora organisés sous Idriss Déby Itno : « C’est de la machination, ce sont les mêmes forums de 2018 et 2020 qui vont se répéter, nous donnons aujourd’hui raison à ceux qui ont décidé de boycotter le dialogue (…) le comité a insisté pour faire ce travail et voilà le résultat. Ils assumeront les conséquences de cet échec. »

En plus de ce qui s’apparente à un passage en force et le mystère qui plane sur l’origine de cette liste, il y a au moins 2 autres raisons qui sont à l’origine du malaise ambiant de cette première semaine.

  • CODNI et souveraineté du DNI

Quelle est la légitimité du comité d’organisation pour mener ces 5 jours de travaux préparatoires (règlement du DNI et nomination du présidium) ?

Que ce soit cet organe qui préside sur ces 2 premières étapes remet en question la souveraineté même du dialogue. Malgré les explications de Liman Mahamat (rapporteur général du CODNI) au micro de Tchadinfos.com qui prend pour exemple le modus-operandi utilisé il y a 29 ans pour la Conférence nationale inclusive (CNI), l’implication jusqu’à cette date et jusqu’à ce stade pose problème. L’assemblée des délégués se sent comme prise en otage par cet organe placé sous la tutelle directe du Premier ministre et présidé par le ministre en charge de Réconciliation nationale et du Dialogue (donc sous la tutelle de l’Exécutif). Dans son article 10, la loi du 2 juillet 2021 portant création du CODNI précise : « Le président du comité d’organisation rend régulièrement compte au Premier ministre, Chef du gouvernement de transition. Le Premier ministre tient informé le Président du Conseil militaire de transition de l’avancement des préparatifs. »

  • La représentativité de la jeunesse

Le DNIS, à travers ses 5 thématiques principales, est censé poser les jalons pour un Tchad nouveau, le Tchad de demain dans lequel vivront ces 65% de Tchadiens âgés de moins de 35 ans. Il y a une incohérence entre cette donne statistique et cette « liste polémique » présentée ce dimanche.  Parmi les 21 noms proposés, il n’y a que 2 personnes âgée de moins de 40 ans. Mme Amouna Ali Sougui et Abakar Dangaya qui sont relégués aux fonctions subalternes de carillonneurs.

C’est dans cette ambiance délétère que les participants et les organisateurs se retrouveront pour la reprise des travaux ce mardi 30 août à 16 heures.

Chérif Adoudou Artine