Parmi les orpailleurs déguerpis de Kouri Bougoudi par le gouvernement, après les affrontements meurtriers du mois de mai, 116 sont arrivés ce 30 juin à N’Djaména. Ils regrettent cette aventure et se disent prêts à gagner autrement leur vie.

Elles étaient parties chercher de l’or ; elles y reviennent déçues et le cœur meurtri. Visages fatigués, cheveux ébouriffés, ces personnes rentrées du désert de Kouri Bougoudi ce matin, sont accueillies par une équipe de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

A la forêt de Goudji, dans le 10e arrondissement de N’Djaména où ils ont été déposés, ces orpailleurs semblent redécouvrir un ”nouveau monde” : un climat frais, de l’eau et de la nourriture à portée de main.

Kodji Gabo, 26 ans, après un détour en Libye, s’est retrouvé à Kouri Bougoudji où il a passé deux ans et demi. « J’ai trouvé un peu d’or. Mais, on a beaucoup souffert. Surtout la faim et la soif. C’est l’État qui nous a ramenés ici. Si on me donne un peu de moyens, j’irai au village cultiver », appelle à l’aide le père de deux enfants et natif de Kyabé, une ville du Sud du Tchad.

Si Kodji a pu trouver quelques grammes d’or, ce n’est pas le cas de David, lui aussi père de deux enfants.  « C’est à cause des souffrances de la vie que nous sommes partis là-bas. En route, certains étaient tombés du véhicule et sont morts. Parfois, on passe une dizaine de jours avant de trouver de l’eau. On avait 15 frères ; seulement deux sont arrivés vivants à Zouarké. On cherchait l’argent mais cela s’est transformé en notre enfer », regrette-t-il, ajoutant être prêt à saisir une nouvelle opportunité paisible pour mener une vie décente. A Bekamba ( le canton où il est originaire dans la province du Mandoul ) ? « Pourquoi pas », sourit-il.  

Les orpailleurs rentrés de Kouri Bougoudi ce 30 juin 2022

Tenant son ticket en main remis par l’OIM et qui lui donne droit à une assistance, Alhabo Moussa, a pu lui également assister au conflit meurtrier de Kouri Bougoudi ( une centaine de morts, selon le gouvernement), et qui a emmené les autorités à les déguerpir du site d’orpaillage artisanal de la localité. « J’ ai fait 6 mois. Il y avait eu un conflit meurtrier. L’État a pu mettre fin à ce conflit. Il y a des personnes qui n’ont rien. Même celles qui y ont laissé leurs biens à cause de ce conflit », témoigne-t-il. « Dieu merci, nous sommes rentrés vivants à N’Djaména », dit-il, l’air soulagé. Il regrette lui aussi cette mésaventure et projette faire du commerce.

L’OIM et ses partenaires apportent une aide d’urgence à ces personnes. « Elles étaient à Zouarké où elles se trouvaient dans une situation de vulnérabilité.  On les a aidés à quitter cet endroit où elles étaient bloqués. Nous leur donnons une petite contribution ( aliments, articles, etc) pour qu’elles puissent regagner leurs familles. Il y a encore beaucoup de personnes qui se trouvent dans la même situation au Tibesti », lance le chef des urgences à l’OIM, Daniélé Fébéï.

Ces chercheurs d’or, qui se comptent à plus de 40.000, selon certaines estimations, sont originaires du Sud et du Centre du Tchad, du Soudan et de la République centrafricaine. L’OIM estime qu’il faudra 6 millions de dollars pour leur fournir une aide humanitaire et de la protection.