Des jeunes du 9e arrondissement de N’Djaména accusent le coordonnateur de la Maison des jeunes de Walia de mauvaise gestion. Ils demandent son départ et exigent que la gestion de cette structure revienne à un jeune de leur arrondissement. Le coordonnateur, lui, crie à la manipulation.

L’entrée du bureau du coordonnateur de la Maison des jeunes de Walia (MDJ), Motodibaye Bramgué, est barricadée. En effet, des jeunes de Walia, qui dénoncent sa « mauvaise gestion » de  la MDJ, après plusieurs requêtes sans suite favorable, ont décidé, lors d’une assemblée générale le 31 mai, de lui donner un délai de 72 heures, pour qu’il dépose sa démission.  

Voyant que leur ultimatum n’a pas été suivi, ils ont investi la Maison pour passer à l’action. Le bureau du coordonnateur est fermé et les acteurs (Université populaire, mairie centrale, etc.) impliqués dans la gestion de la MDJ ont été saisis. « La situation de la Maison des jeunes de Walia ne date pas d’aujourd’hui. Il a fallu que l’eau déborde le vase pour que les jeunes puissent prendre conscience et demander le départ du coordonnateur par rapport à sa mauvaise gestion. Nous nous sommes rendus compte qu’il travaille seul sans rendre compte à la jeunesse du 9e arrondissement de N’Djamena », relate un des leaders de cette fronde, Dobah Yankreo Peter.

Ces jeunes exigent que la gestion de la MDJ revienne à un résident du 9e arrondissement, qui, selon eux, connaitrait mieux leur besoin. « Il ne connaît pas les besoins des jeunes de l’arrondissement. Il n’est pas créatif et a enterré la maison des jeunes depuis son arrivée. Il y a des activités qui se passent ici, mais on ne sait où est-ce que vont les recettes. On a compris que c’est quelqu’un qui gère tout à son niveau et seul. En un mot, la MDJ n’est pas structurée », regrette Dobah Yankreo. « Ce coordonnateur est mou. Regardez comment la Maison de quartier de Chagoua est animée », compare un autre jeune, exacerbé.

Réplique du coordonnateur

Motodjibaye Bramgué dit avoir pris fonction le 12 janvier 2016, à la suite d’un test validé par les acteurs impliqués dans la gestion de la Maison. Il est issu de la Communauté pour le développement du volontariat au Tchad (CDVT). A son arrivée, il confie avoir trouvé une MDJ fermée, avec des matériels « vandalisés ».   « La MDJ était gérée par une organisation communautaire au niveau de Walia. Elle a été très mal gérée. Tous les outils ont été vandalisés. En 2016, il y avait déjà ces agitations de la communauté. Ils disent ne pas comprendre que ce soit une personne d’ailleurs qui soit leur coordonnateur. Je leur ait dit que je suis un agent de développement. Je peux travailler dans le Tchad entier. Après, ils ont vu qu’il y a des réalisations », explique-t-il.

Entretemps, indique-t-il, la Maison s’occupait beaucoup plus de la culture. Mais, «  j’y ai instauré l’éducation, la santé communautaire, les questions d’engagement. La culture vient au complément . On a complètement fait changer la manière de faire les choses », se félicite-t-il.

D’après Motodjibaye, la principale difficulté de la Maison est  liée au manque de moyen. « Moi qui vous parle, je n’ai pas eu un salaire pendant tout ce temps. C’est un engagement. Quand ils ont vu que les choses ont commencé par briller, ils m’ont sciemment collé des choses pour me faire partir », se défend-il.  

Gérez-vous seul la MDJ ? le coordonnateur répond : « Je suis un employé. Comment je peux employer quelqu’un d’autre ?  étant donné que je n’ai pas de salaire. Quand on n’était pas là, le centre était fermé. Ils ne pouvaient pas y exercer leurs activités. J’ai tout fait pour casser cette barrière », rappelle-t-il. « La ficelle de cette affaire est tirée de loin », dit-il, appelant ces jeunes à ”revenir à la raison”.  

Des pourparlers ont été entamés entre ces jeunes mécontents et les acteurs impliqués dans la gestion de la Maison des jeunes de Walia. Au début de la prochaine semaine, nos sources nous informent qu’une équipe dite de transition sera mise en place pour gérer la MDJ pour une période de 3 mois.