L’hymne des enseignants a été écrit le 1er décembre 1964 par Ngarnadji Honoré. La Rédaction de Tchadinfos l’a joint par téléphone depuis Bedjondo (province du Mandoul) où il vit. Il raconte dans les détails le contexte de la composition de cet hymne.
« L’enseignant a tout donné ». C’est le refrain de cet hymne bien connu dans le milieu éducatif et même au-delà. Alors qu’il n’avait que 17 ans, Ngarnadji Honoré, son compositeur, était déjà enseignant vacataire. L’idée de l’écriture de cet hymne lui vient après une altercation avec le trésorier provincial du Mandoul d’antan. « On s’est attaqué au trésorier de Koumra au moment du paiement parce qu’il voulait le reporter. On a refusé. Nous lui avons dit qu’on a quitté nos postes pour venir nous faire payer. Il a quand-même renvoyé certains. J’ai refusé de partir. Il a fini par me payer. Je lui ai dit que si ce n’est pas nous qui l’avons enseigné, ce sont mes collègues enseignants. Pourquoi il nous torture de la sorte ? Cette situation m’a marqué », raconte-t-il.
Son dû perçu, Ngarnadji, rentre à Matkaga. Assis sous son hangar, il commence la rédaction de l’hymne. « J’ai arrêté 17 chapitres avec l’enseignant a tout donné comme refrain. Je l’ai fait chanter à Koumra, Matkaga, etc. L’actuel délégué provincial de l’éducation est mon élève. Il est témoin de cet hymne », dit le septuagénaire.
Ngarnadji Alain est retraité depuis 2008. Il vit à Bedjondo, sa terre natale. Celui qui a été à plusieurs reprises directeur d’école constate et déplore la baisse de niveau. « J’enseignais la locution, le vocabulaire, la lecture, la conjugaison et tout ce qui va avec l’élémentaire. L’enseignement d’aujourd’hui est très médiocre. On ne forme pas les enseignants dans les Ecoles normales comme en mon temps. Ce qui fait que les connaissances sont transmises de manière bâclée. Ça nous dénigre. Il n’y a pas de suivi », critique-t-il. L’instituteur de 8e échelon regrette également le traitement réservé au corps enseignant par l’Etat. « L’Etat ne prend pas en charge efficacement les enseignants », interpelle-t-il.
Agé de 77 ans et père de 18 enfants, Ngarnadji Honoré, a été élevé en octobre 2022 au rang de Chevalier de l’ordre national, par l’ancien Premier ministre, Pahimi Padacké Albert. Aujourd’hui, il est pasteur d’église. Bien qu’affaibli, il se dit prêt à contribuer à améliorer le système éducatif.