LITTÉRATURE – Avec « Le constitutionnalisme tchadien : de la proclamation de la République à l’instauration démocratique 1958-2021 », l’écrivain Ousmane Koudangbé Houzibé explore la trajectoire constitutionnelle au Tchad depuis la proclamation de la République.

Ce livre, Ousmane Koudangbé Houzibé ne l’a pas écrit pour le plaisir. C’est parti d’un constat de raréfaction des documents scientifiques en termes de droit public qu’il a pris la plume. « En France, une fois je fouillais dans les archives des années 1970, j’ai découvert dans les archives une production scientifique sur le Tchad mais pas faite par les Tchadiens. Elle est portée sur la littérature, sociologie, l’histoire. Pendant ce temps, les nôtres faisant la littérature qui n’a rien à avoir avec la production scientifique que faisait ces scientifiques venus de l’Occident », relate-t-il.

Dans son nouveau livre, « Le constitutionnalisme tchadien : de la proclamation de la République à l’instauration démocratique 1958-2021 », l’écrivain met l’accent sur le droit constitutionnel tchadien. Un concept qu’il l’assimile à une théorie qui considère que le pouvoir souverain et les droits fondamentaux doivent être garantis par une constitution. Il est fondé sur la suprématie accordée à la constitution et la hiérarchie des normes juridiques et la loi.

Pour Ousmane Koudangbé Houzibé, parler de la constitution du Tchad revient à rappeler la trajectoire constitutionnelle du Tchad. Le Tchad a eu cinq constitutions. La première, c’est celle de 1959, la deuxième date de 1962, celle du 10 décembre 1989, celle du 31 mars 1996 est la quatrième et la cinquième est celle du 4 mai 2018. Et c’est un régime purement parlementaire, ajoute-t-il.

En 1962, après l’arrivée du président Ngarta Tombalbaye, des partis politiques ont été abrogés sur la scène. « Nous étions nés un État démocratique à la base. Après la 2e guerre mondiale, nous avions eu le conseil représentatif et des partis politiques animaient la scène politique(…) la démocratie était vivante. Tombalbaye va interrompre, c’est une interruption volontaire… », indique Ousmane Koudangbé Houzibé.

De 1962 à 2021, le Tchad a connu plusieurs régimes qui se sont succédé et est venu celui du Mouvement patriotique du salut (MPS) avec pour président Idriss Deby Itno. Cette période, l’écrivain la nomme période surprésidentialiste tchadien. « Quand vous prenez le cycle de 1962 au 20 avril 2021 c’est un cycle purement présidentialiste. La règle standard du présidentialisme n’était pas appliquée. C’était un mélange du genre où les partis politiques n’existaient pas et que le chef fait ce qu’il voulait faire », analyse l’auteur.

Dans cet ouvrage consacré au droit constitutionnel tchadien, l’auteur souligne que la démocratie au Tchad ne date pas de 1990. Selon lui, la démocratie est arrivée au Tchad en 1958 avec l’existence du multipartisme. Mais le cycle est interrompu en 1962 et nous sommes entrés dans un carcan présidentialiste et a donné lieu aux coups d’état et naissance aux régimes un peu dictatoriaux. « Ngarta Tombalbaye a fondé l’Etat, Hissène Habré est venu stabiliser l’Etat, et Idriss Deby est venu relancer la démocratie ».

Cet ouvrage marque le deuxième qu’Ousmane Koudangbé Houzibé publie. Le premier est celui intitulé “L’impasse du processus démocratique en Afrique noire francophone : le cas du Tchad”. Il date de 2016.