N’Djamena va vibrer au rythme de la mode du 20 au 27 octobre 2018 à l’occasion du 3ème Sommet du stylisme et des créations africaines. Cette rencontre de la mode africaine dans la capitale tchadienne verra la tenue de la 1ère édition du Festival de mode et traditions tchadiennes (FESMOTT), une initiative du créateur  Hissein Amadou Camara. 50 stylistes de 20 pays différents sont attendus. Tchadinfos décortique le contour des activités avec le promoteur du Festival.

Qui êtes-vous et comment avez-vous évolué dans le secteur de la mode ?

Je suis styliste créateur de mode tchadien. Je suis arrivé dans le métier de couture depuis mon très jeune âge, à 8 ans. C’est le souhait de ma grand-mère maternelle qui a voulu que je fasse un métier pendant que j’étais encore à l’école primaire. A 9 ans je faisais très bien la coupe et à 12 ans j’avais déjà mon petit atelier.  J’ai fait plusieurs pays africains, l’Asie et l’Europe. Je suis à 33 pays visités avec les différents défilés de haut standing. L’année 2016, j’ai été distingué lors d’une compétition pour participer au festival de la mode et du mannequinat africain. Au niveau du Tchad j’étais le meilleur. En 2017 j’ai été nominé Prix numérique du stylisme africain. J’ai participé la même année au sommet du stylisme et créateur africain au Benin. Sommet au cours duquel l’Afrique Centrale était choisie pour accueillir le sommet du stylisme et des créations africaines. Etant présent, les gens ont décidé de visiter le Tchad. Le Tchad est l’un des pays où le trafic humain est un peu faible. Ils ont souhaité venir découvrir ce beau pays et également voir comment on se bat pour être vu au niveau international.

Comment est venue l’idée de ce festival ?

Le Tchad est un pays riche en culture et en traditions. Un pays dans lequel on trouve le désert, la savane, bref un peu de tout. On se retrouve en ce moment sans identité vestimentaire propre. Alors que moi, dans mes multiples voyages, chaque fois que je me trouve à une soirée des nations, je remarque que toutes les nations avaient de quoi vendre. Elles ont une expression authentique en terme vestimentaire. Quand tu vois tu sais que cette personne est de tel pays. Nous, les Tchadiens, on ne sait pas quel est le style qui nous identifie. C’est la difficulté que j’avais rencontrée pour m’identifier en tant que Tchadien dans bien de rencontres. Je me suis dit on ne peut pas croiser les bras et sillonner le monde sans autant se distinguer du côté accoutrement. A mon retour je me suis dit, je dois lancer ce concept.

Au niveau de l’internet, il n’y a pas vraiment d’archives sur le Tchad. Ce qu’on a trouvé, c’est sur les parures, les coiffures mais en termes de vêtement il  n’y a rien. On a pris l’initiative de descendre dans les villes et les grandes agglomérations du Tchad pour voir si l’histoire y est. On est allé à Abéché, à Biltine. On a trouvé une partie de l’histoire. Après ce travail de reconstitution, nous allons faire un tour dans les profondeurs du Tchad. Ce qui nous reviendra c’est le travail de modernisation pour que les Tchadiens puissent être identifiés à partir de leurs habillements.

Quels sont les grands axes de ce festival ?

Nous allons offrir trois podiums. Un podium pour faire passer tout ce qui est tenue traditionnelle authentique. On essaye de voyager dans l’histoire pour que les gens sachent ce qui était le Tchad. Le deuxième nous permet de passer du traditionnel au moderne en s’inspirant de ce que les gens savaient déjà. Le troisième podium est celui de l’international. Il y aura 50 créateurs qui seront au Tchad pour le sommet. Nous allons utiliser une partie pour faire former les jeunes tchadiens qui sont dans le domaine de la couture, de tissage, de coiffure, de maquillage. C’est un travail de partage d’expérience. Ceux qui ont des ateliers et qui ont des difficultés à les gérer, nous allons les renforcer à travers des formations spécifiques auxquelles ils n’ont pas accès étant surplace. L’apprentissage des logiciels de mode, les techniques de gestion des ateliers, de la clientèle, comment communiquer, toutes les informations pour leur permettre d’asseoir leurs entreprises et tendre vers l’industrie de mode. Nous allons faire l’exposition physique des recherches que nous avons effectuées dans les villes et les villages du Tchad.

Il n’est un secret pour personne que les investisseurs ne se donnent pas à fond dans la culture. Etes-vous arrivé à les convaincre ?

Le festival est un challenge pour nous. Pour le réaliser nous avons commencé à travailler depuis le mois de février. Les décideurs sont touchés et ont apprécié l’idée. Maintenant il sera question de voir comment pérenniser le festival pour qu’il se tienne chaque année. L’énergie à mobiliser elle est là. Au Tchad tout es difficile. Les Tchadiens ont besoin d’être éduqués dans ce domaine. On ne doit pas rester les bras croisés et dire que c’est difficile. L’idée est d’amener les gens à comprendre l’importance de cette initiative.