Pendant longtemps, le milieu culturel tchadien a été pointé du doigt pour son absence d’identité visuelle propre, un manque qui ternissait la singularité de ses expressions artistiques. Mais cette époque semble aujourd’hui révolue. Une tendance forte et symbolique est en train d’émerger, le port du turban, communément appelé “Kadamoul” en arabe local, devient un marqueur de l’identité culturelle tchadienne.

Dans les manifestations culturelles à travers le pays, le constat est de plus en plus flagrant. Artistes, photographes, animateurs, présentateurs ou slameurs, tous adoptent avec fierté ce tissu enroulé autour de la tête. Le “kadamoul” n’est plus simplement un accessoire vestimentaire, il est devenu une déclaration silencieuse mais éloquente, celle de l’appartenance à une communauté artistique soudée, fière de ses racines et de sa créativité.

Au-delà de la mode, ce turban incarne une volonté collective de se démarquer, de revendiquer une esthétique propre, puisée dans les traditions sahéliennes et remaniée avec modernité. Il donne au paysage culturel tchadien une image forte, cohérente, reconnaissable. “Le kadamoul, c’est notre uniforme à nous. Il nous unit sans nous uniformiser“, a déclaré Marcel, Photographe.

Ce retour à une identité vestimentaire forte est aussi un message subtil lancé aux nouvelles générations, valoriser les symboles locaux est un acte de résistance culturelle face à la standardisation mondiale.

À l’heure où le Tchad cherche à affirmer son soft power sur la scène africaine, le kadamoul devient bien plus qu’un tissu. Il est l’étendard silencieux d’une renaissance culturelle, un turban d’honneur posé sur la tête de ceux qui osent faire vibrer l’âme du pays.