Les professionnels de la musique tchadienne, les mélomanes ainsi que des jeunes venus des différents quartiers de N’Djamena se sont réunis lors d’une conférence débat avec pour objectif d’échanger sur les possibilités de créer des passerelles pour exporter la musique tchadienne. La rencontre a eu lieu à l’Institut Français du Tchad, le 21 juin 2018 à l’occasion de la fête de la musique et dans le cadre du Salon Chad Music Expo.

Plusieurs problématiques auxquelles les participants ont essayé d’apporter des solutions, ont été soulevées. Il s’agit entre autres des questions d’authenticité, de performance, d’accompagnement. D’une part, les uns trouvent que certaines œuvres des musiciens tchadiens ne mettent pas en avant les dialectes et rythmes traditionnels du pays. Et aussi, que les chanteurs eux même souffrent d’un grand mal à savoir le manque de professionnalisme. En outre, les personnes ressources et/ou structures qui sont censées les soutenir et les accompagner ne font pas véritablement leur travail.

« Ils sont nombreux les chanteurs tchadiens qui ne prennent pas au sérieux ce qu’ils font. Il faut que l’on se dise la vérité, la plupart d’entre eux utilisent leurs revenus rien que pour boire de l’alcool. Ils devraient retourner à l’école pour apprendre ce que c’est la musique, c’est tout un art », constate un promoteur culturel au cours des échanges.  « Vous verrez un tchadien qui préfère faire de la rumba,  alors que avons le Saï, le bagna, le Mbilé  et autres. Ces mêmes-là chantent avec des termes qui ne sont pas tchadiens », déplore un participant. Son avis est partagé par bon nombre de chanteurs présents à cette rencontre.

D’autre part, les intervenants constatent que les musiciens tchadiens auraient un problème de mentalité et que leurs expériences seraient limitées. En effet, tout comme certains participants, le rappeur Ray’s Kim notifie que le moment n’est pas opportun pour vouloir exporter la musique tchadienne à l’international car beaucoup reste à faire sur le plan local. C’est ainsi que les conférenciers suggèrent tout de même aux artistes  de commencer par une rétrospection. La rigueur doit être de mise et ils doivent investir dans les matériels de production ainsi que tout ce qui y concourent à la vulgarisation de leur musique, s’ils veulent aller de l’avant.

Il faut noter que le musicien et producteur camerounais Wax Day a spécialement effectué le déplacement pour partager ses expériences avec les artistes tchadiens. Il conseille à ces derniers d’être, originaux, inventifs, proactifs et surtout solidaires. Les uns et les autres sont ravis de la rencontre et espèrent travailler pour l’exportation des œuvres musicales tchadiennes.