Réhabilitée et renommée Bibliothèque Pierre Baudis en 2006 avec l’assistance de la mairie de Toulouse (France), la Bibliothèque municipale de N’Djamena s’est peu à peu éteinte pour disparaître il y a quelques années.

Seul vestige de cette bibliothèque est la plaque située devant son ancien local sur le boulevard du 11 août. Il y a près de 8 ans, la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) a réhabilité et occupé temporairement les locaux abritant la bibliothèque municipale.  Ainsi, lors de la restauration de ce qui était avant la bibliothèque, les tables, les chaises, les rayonnages mais surtout les livres se sont volatilisés.

Hassan Ngarmadji, ancien employé de la bibliothèque raconte comment celle-ci est morte lentement. « Un jour je passais là, j’ai vu que la bibliothèque était clôturée par les tôles. Tout de suite j’ai cherché la porte d’entrée pour vérifier.  Je suis allé et je n’ai rien vu. Ça m’a surpris. Je suis allé vers Fatimé, je lui ai dit : « la bibliothèque municipale est en chantier, où sont les documents ? ». Elle m’a répondu qu’ils ont pris tous les livres pour les mettre sous le hangar. Mais je n’ai pas vu de hangar. Je suis revenu deux jours plus tard, je me suis plaint mais ils ne m’ont pas pris au sérieux donc j’ai laissé tomber ».

Il faut rappeler qu’avant son inauguration, la salle octroyée temporairement à la mairie par la CNPS ressemblait à tout sauf une bibliothèque.  La bibliothèque municipale telle que nous l’avions connue a été aménagée en 2006 lors de la visite du Maire de Toulouse, Dominique Baudis à N’Djamena. « Le maire de Toulouse a estimé qu’il est nécessaire d’enrichir cette bibliothèque, de la développer afin de pouvoir sur le plan culturel raffermir cette tranche de collaboration entre la ville de Toulouse et la mairie de N’Djamena. C’est ainsi qu’en 2006 la ville de Toulouse a envoyé des dizaines de milliers de livres de toute nature acheminés par la force Épervier entre temps. » déclare Saleh Tchéré, technicien chargé de l’ingénierie sociale a l’époque membre de l’équipe du projet.

D’après Saleh Tchéré, la bibliothèque municipale marchait bien, le taux de fréquentation était élevé surtout en journée, entre 8h et 16h. Après 16h, il y avait moins de personne car la zone était habitée par les militaires à l’époque. Mais, il croit que c’est la rupture des relations de coopération entre la ville de Toulouse et N’Djamena qui a aussi précipité la fermeture de la bibliothèque.

La mairie de Toulouse et celle de N’Djamena ont signé en 1988 un accord de coopération en matière de décentralisation. Selon Hassan Ngarmadji, lors d’une visite de l’ambassadeur français au ministère des Affaires étrangères, il a remarqué la plaque et a contacté l’actuelle maire de la ville de N’Djamena Mariam Djimet Ibet pour la réhabilitation de cette bibliothèque. Mais chose qui n’est pas faite jusque-là et la bibliothèque municipale n’existe que de nom grâce à l’enseigne fixée devant le bâtiment.

Dans une situation où les grèves et la baisse de niveau affectent le système éducatif tchadien, la réhabilitation de cette bibliothèque sera un plus. Saleh Tchéré est convaincu que cette bibliothèque aurait aidé tous ces élèves qui étaient à la maison pendant les grèves.