PORTRAIT – La peinture, Ahmat Hassan Kirdassi l’a embrassée très tôt. Aujourd’hui, ses œuvres sont exposées à l’international et son style est reconnu. Portrait d’un artiste qui vit de sa passion.

Ses œuvres ornent les murs de certaines salles de conférence des grandes institutions et hôtels de la capitale tchadienne. Il vient d’exposer du 20 au 24 mai à l’Unesco à Paris. Ahmat Hassan Kirdassi, artiste peintre tchadien de formation, autodidacte, signe ses tableaux de son patronyme, KIRDASSI. Son support de prédilection est l’ardoise des élèves de l’école coranique (Loh). Le choix de son support lui vient de sa quête d’identité.

« Déjà la forme du support est très originale initialement mais j’ai voulu encore la rendre exceptionnelle avec mon imagination en expérimentant des différents assemblages et montages. Je me suis dit il faut que je sorte de l’ordinaire et d’avoir une griffe qui est pour soi », souligne Kirdassi.

Tableaux peints made KIRDASSI

Le jeune Ahmat Hassan Kirdassi, dès ses 10 ans était un curieux. Il s’intéressait comme tout enfant de son âge aux dessins et aux couleurs. Cet aîné de quatre filles s’est essayé au dessin mais c’est la peinture qui a pris le dessus. Il l’exprime d’ailleurs avec ironie «  Moi je suis plus confortable avec les couleurs, je dessine lorsqu’il y a des choses à améliorer puis, je rattrape ça avec les couleurs. » Pourtant, tous les demi-frères de Kirdassi dessinent très bien, « ils dessinent même mieux que moi », affirme-t-il.

Kirdassi se met aux couleurs et c’est en 1997 que tout était parti. « Le Centre culturel Al-Mouna avait mis en place un atelier de peinture pour les jeunes du quartier (Djambal-Bahr). La sœur Nadia m’avait sélectionné avec d’autres amis. Quelque mois après, elle organisa une exposition avec les œuvres qu’on avait réalisées lors dudit atelier. J’avais eu beaucoup d’appréciations et d’encouragements et depuis je n’ai pas cessé de peindre », se souvient-il.

Kirdassi est fasciné par les œuvres de Picasso. « J’ai toujours aimé la peinture de Picasso, parce que je la trouvais mystérieuse et difficile à comprendre. Au départ je reproduisais cela mais tout en évoluant je commençais par créer des œuvres de mon entourage et de mon imagination », explique-t-il. Mais l’artiste a gardé un peu de Picasso dans ses œuvres : l’utilisation des couleurs vives notamment le jaune ocre, le bleu, l’orange…. Souvent il essaie d’utiliser d’autres couleurs mais Kirdassi trouve que les couleurs chaudes lui réussissent mieux car ils viennent de son environnement tels que les maisons en terre, le désert et ciel.

Aussi abstraites que figuratives, les œuvres de Kirdassi nous interpellent la plupart du temps à une prise de conscience et à la protection du patrimoine commun. D’où la représentation des peintures rupestres de l’Ennedi (au Nord du Tchad), les ruines des anciennes capitales tchadiennes (Ouara, Gaoui, vestiges/ Sao…). Sur ses œuvres, on y trouve des objets de récupérations qui ont beaucoup de significations.

Sa première exposition solo en mars 2002 au Centre culturel français (actuel Institut français du Tchad – IFT) reste l’un de ses meilleurs souvenirs. « Il y a eu un monde fou autours de mes œuvres, c’est de là que j’ai eu confiance en moi et depuis je n’ai pas cessé de peindre bien qu’on ne peut pas vivre de son art au Tchad. En plus, lors de cette exposition, j’ai eu un très bon article dans Tchad & Culture que je garde toujours », raconte Kirdassi.

Ses deux enfants s’intéressent attentivement à son travail. « Souvent quand je travaille, je leur donne des feuilles et crayons et leur demande de reproduire des dessins ou de faire ce qu’ils aiment et ils le font bien. Je les encourage beaucoup. » Toujours dans cette démarche de la transmission, Ahmat Hassan Kirdassi a organisé des ateliers de peinture pour des enfants notamment ceux du Centre spécialisé pour enfants retardés de SOS village d’enfant et du village de Warou.