Avec la crise que traverse le pays, l’impasse a gagné les étudiants. Surtout ceux de l’université de N’Djaména qui n’ont pas encore bouclé le premier semestre de l’année 2015 – 2016. Un total désespoir.
Ces jeunes, presque désorientés essaient de prendre en main leurs destins, face à un avenir incertain que leur offre le pays avec cette crise qui peine à s’améliorer. Ils décident de prendre le chemin des pays voisins de la sous-région pour pouvoir continuer leur formation. Un tour au commissariat central et dans les agences de voyages vous permet de faire le constat : ils sont soit en train de se faire délivrer les documents de voyage (Laissez-passer, passeport), soit en train de payer leurs tickets pour voyager.
« Nous ne savons pas si l’année académique sera sauvée avec tout ce que nous vivons et voyons. Rester les bras croisés n’est pas une solution, c’est pourquoi nous osons partir ailleurs tenter notre chance malgré les faibles ressources de nos parents», lance un jeune bachelier en partance pour N’Gaoundéré. Il n’est pas le seul, ils sont nombreux à prendre cette décision.
C’est depuis près d’un an déjà que les facultés de l’université de N’Djamena sont fermées, rien ne laisse le choix à Odette Milamem, une étudiante en 2e année et tant d’autres, à se lancer dans cette aventure à la recherche de l’eldorado académique avec les maigres ressources de leurs parents : « en plus des grèves qui ont perturbé l’année académique qui n’est pas achevée, le gouvernement vient de nous mettre dos au mur avec ces 16 mesures. Je ne suis pas certaine que les cours reprennent d’ici peu. On a un gouvernement qui ne se soucie pas de la jeunesse » a lâché la jeune étudiante.
Dans la colère, Bichara Mahamat Hissein renchérit « on a un gouvernement qui ne se soucie que de son intérêt, aucunement du devenir des Tchadiens, moins encore de celui de la jeunesse. Un gouvernement imprévisible et irresponsable. Comment comprendre qu’il ne paye pas les enseignants et prévoit la suppression de la bourse des étudiants ? En quoi la crise concerne la bourse des étudiants ? Pourtant ce sont eux-mêmes les vrais responsables. Qu’ils arrêtent de se moquer de nous et qu’ils ramènent la situation à la normale».
Outre ces constats, nombreux sont ceux-là qui ont perdu espoir et ne savent à quel saint se vouer. L’on a le droit de s’interroger que vont-ils devenir ? Un danger pour la société ? Des frustrés ?… Selon un sociologue de la place, le jeune tchadien n’est pas celui-là qui aime s’aventurer ou a voyagé de cette manière. Ne va-t-on pas vers la fuite des cerceaux et futurs cadres du pays ? Nous devons y prêter attention.