La région du Lac connait depuis un peu plus de trois ans un problème d’insécurité lié au terrorisme de Boko Haram, compte tenu de la  frontière avec l’Etat de Bornou (Nigéria). Aussi, c’est l’une des régions du pays, la plus exposé, parce qu’elle a une partie insulaire et où, le contrôle des frontières avec les pays voisins est difficile. Le gouverneur de ladite région, Adoum Fortey évoque avec nous la situation qui prévaut dans sa circonscription à ce jour.

« Depuis trois ans les éléments de la secte Boko Haram ont souvent fait des incursions et ont fait surtout des recrutements au sein de la population surtout dans les parties insulaires. Avec cette crise, il y a l’économie de la région qui connait des difficultés », a relevé d’emblée Adoum Fortey. En effet, dans le temps, la région faisait des échanges avec l’Etat de Bornou surtout par la partie insulaire. Depuis cette crise, l’Etat est obligé de fermer la frontière insulaire avec le Nigeria. « De facto, les commerçants sont obligés de contourner par le Niger, et là, le petit commerçant ne peut pas faire le déplacement. Seuls, ceux qui ont des moyens d’utiliser les gros porteurs peuvent aller amener des marchandises et les petits commerçants restent sur place pour acheter les marchandises importées », informe le Gouverneur Adoum Fortey. Cela joue par ailleurs sur le coût des marchandises. Alors que, le Lac est constitué d’une population qui n’a pas de revenus. « C’est une population qui s’adonne à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche. Avec cette crise, les activités de pêche sont limitées parce que, plus proche de la frontière, on les a empêchés de pêcher pour assurer la sécurité. Les espaces pour faire l’agriculture sont également restreints parce que les gens ne peuvent pas aller labourer à la frontière avec le Nigeria alors que la plus grande production se fait de ce côté », précise Adoum Fortey.

Selon le gouverneur du Lac, de manière générale, sur le plan de développement, la région connait un retard par rapport aux autres régions du pays même avant la secte Boko Haram. En évoquant l’état d’urgence instauré dans la région, Adoum Fortey indique que : depuis d’octobre 2016, « on est pratiquement arrivé à la fin de l’état d’urgence. Il y a une première phase qui a été renouvelée et depuis lors, il n’y a pas un autre renouvellement. Mais, même si nous ne sommes pas en état d’urgence,  pour mieux sécuriser les populations et leurs biens, au niveau régional, nous sommes obligés de garder le dispositif sécuritaire en allégeant un peu les horaires de circulation mais, en ayant vraiment l’œil sur le déplacements des gens et l’entrée à la région ».

Les repentis de Boko Haram

Selon le gouverneur Adoum Fortey, « quand cette crise de Boko Haram a commencé, il y a des gens qui sont partis d’eux-mêmes, il y en a qui ont été forcés parce que leur village a été incendié. Il y a aussi ceux qui sont partie sur des menaces. Ceux-là qui étaient partis, après ils ont pris conscience de revenir dans la légalité et ils se sont rendus au gouvernement. Après des mois dans un camp de transit à Baga Sola, nous avons confié la responsabilité aux différents services de renseignements de faire des investigations nécessaires. Il y a une conclusion qui a été tirée et nous avons décidé ensemble avec les autorités traditionnelles de faire intégrer ces gens dans leurs communautés en faisant des sensibilisations auprès de la communauté hôte pour qu’elle accepte ses parents ».

Il ajoute que, la question de la réinsertion de ces repentis de Boko Haram est très importante au niveau de la région et en discussion avec le pouvoir central, les autorités locales sont en train de réfléchir à comment les partenaires peuvent aider à les insérer. Car, la majorité, c’est des jeunes désœuvrés qui n’ont pas eu la chance de fréquenter.

« C’est vrai qu’il y a une accalmie, les exactions ont diminué du côté de la secte mais il ne faut pas baisser les bras parce qu’on n’a pas fini avec la secte Boko Hram », a conclu le gouverneur de la région du Lac, Adoum Fortey.

Avec L’Info