OPINION – On observe un pic de violences intercommunautaires au Tchad. Du Batha à la Tandjilé en passant par le Sila, le Ouaddaï, le grand Mayo Kebbi entre autres, les affrontements entre éleveurs et agriculteurs, entre deux ethnies ou clans sont légion. Une question se dégage : les Tchadiens ont-ils un problème de vivre ensemble ?

Impunité, haine, mal vivre-ensemble, tels sont les mots et/ou maux qui peuvent mieux justifier la recrudescence des conflits intercommunautaires dans les provinces du Tchad. Du jour au jour, la liste s’élargit. Le dernier conflit en date est celui du 05 janvier dans le Mayo-Kebbi Est, précisément à Kim. Bilan non-officiel : trois morts et deux blessés.

Cette flambée de conflits interpelle plus d’un Tchadien. Malgré l’intensification des campagnes de sensibilisation pour la paix et le vivre ensemble, le problème signe et persiste. C’est à se demander si la solution se trouve dans la sensibilision. Déjà, il faut une approche historique et transversale pour comprendre et résoudre le problème.

La culture de l’impunité

Aujourd’hui, l’impunité, l’injustice, marquent le quotidien des classes faibles. Marginalisés, certains Tchadiens ne manquent pas de crier à la justice dans la résolution de ces conflits. Mais force est de constater que ces cris ne vont guère loin. Les fautifs de l’histoire sortent innocents tandis que les innocents sont accablés.

L’impuissance et l’incompétence des autorités locales

Dans quasiment tous les cas de conflits qu’ont connu les provinces à la fin de cette année, des renforts sont arrivés des chef-lieux afin de maitriser la situation. Ce, comme des sapeurs pompiers après l’incendie. Aussi, la question de compétence demeure-t-elle toujours un handicap dans la résolution des conflits. Les préfets, sous-préfets et gouverneurs, manqués de leadership et des connaissances sur la gestion de la chose publique, sont plus dans une logique partisane et divisioniste et ne « mettent que l’huile sur le feu ». 

Lire :  des heurts entre éleveurs et agriculteurs à Kim

Nombre de ces administrateurs sont « frères de l’autre, cousins de tel ministre, neveu d’un tel général ».  Ceci au détriment des administrateurs formés dans les écoles de carrière. Comment ne pas obtenir désastre comme résultats ?

Et les vieux démons resurgissent…

« Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera », (Galate 6.7) disent les saintes écritures. C’est pour dire que, quel que soit ce que nous faisons, de bon ou de mauvais, nous aurons les résultats un jour.

Tant que la justice ne sera pas rétablie ainsi que la méritocratie, quelles que soient les campagnes de vivre ensemble et de paix, le problème sera partiellement résolu et la méfiance, les mécontentements et la haine des autres grandiront dans les communautés. Il faut donc soigner la fièvre que de casser le thermomètre.